Arrêtons de croire que le lien social est secondaire

En cette fin d'année particulièrement éprouvante, l'association de lutte contre la grande exclusion La Cloche nous appelle à changer de regard sur le monde de la rue. Et à oser les rencontres et les échanges, sans lesquels nous ne sommes rien.

Le caissier, le SDF et le passant
« Les personnes [exclues] préfèrent compter pour la société que compter sur la société », estime le sociologue Serge Paugam. Photo : A.L.

Pandémie mondiale, augmentation de la précarité, violences en tous genres… L’année 2020 fut très particulière. Chacun a cherché à traverser cette année tant bien que mal. Nombreux se sont trouvés plus isolés et ont ressenti un manque de lien social. Cela a déclenché inquiétude, frustration et anxiété, mais aussi une prise de conscience sur l’importance des rencontres et des échanges dans notre existence. Il n’y a plus qu’un pas pour comprendre que les personnes sans domicile, trop souvent privées de ce lien social, sont réduites au simple droit de survivre. Et si on vous disait que chacun peut agir pour lutter contre la grande exclusion ?

Paris, 27 novembre 2020. Dans un hall de la Gare du Nord, à Paris, Axelle, smartphone en main, flashe un QR code sur une affiche qui pose la question : « T’as pas 5 minutes ? » Avec ce simple geste, Axelle a commencé à agir pour le lien social. Si l’on en croit la pyramide de Maslow qui hiérarchisent les besoins humains, le lien social ne viendrait qu’au second plan. S’il est vrai qu’il est essentiel de se nourrir, se loger ou encore se soigner, les professionnels de l’action sociale s’accordent pourtant à dire que le lien social est un outil d’inclusion aussi important que l’aide alimentaire ou l’accès à la santé pour permettre d’accompagner les personnes en situation de précarité.

« Nous avons autant besoin de raisons de vivre que de quoi vivre. »

Comme le disait justement l’Abbé Pierre : « Nous avons autant besoin de raisons de vivre que de quoi vivre. » Chacun, à son échelle, a pu en faire l’expérience pendant le confinement. Quand le quotidien se réduit à notre simple survie, il nous manque quelque chose qui fait de nous des êtres humains : le lien social. Et c’est là que ça devient intéressant. Car le lien social, c’est l’affaire de tous ! Chacun peut et doit contribuer à tisser des liens entre voisins – avec et sans domicile – et ainsi contribuer à créer une société plus inclusive. Il ne s’agit pas de « venir en aide » mais plutôt de « faire ensemble » au travers d’actions inclusives.

Avec l’association La Cloche, chaque citoyen devient acteur du lien social et rend la société plus participative et inclusive. À court terme, l’action inclusive améliore le quotidien des personnes sans domicile. A long terme, elle crée des territoires où les besoins de tous sont considérés et reconnus, peu importe leur situation, où chacun peut exister en société, déployer ses potentiels et s’y épanouir. La réponse à l’exclusion sociale doit prendre en compte et mobiliser les personnes directement concernées, puisqu’elles sont les plus aptes à identifier les difficultés auxquelles elles font face. Leurs vécus sont des ressources qu’il faut reconnaître et mobiliser. Dans les faits, « les personnes [exclues] préfèrent compter pour la société que compter sur la société », comme l’indique le sociologue Serge Paugam.

300 000 SDF en France

La Fondation Abbé Pierre estime que 300 000 personnes sont sans domicile en France. Un chiffre qui donne le vertige, d’autant plus qu’il a doublé depuis 2012. Derrière la brutalité de ce chiffre, ce sont nos voisins sans domicile qu’on croise en allant travailler ou en allant faire nos courses. Et il est clair que la norme n’est pas d’aller vers eux pour échanger, discuter et exister ensemble. Pourtant, ce n’est pas si compliqué. La Cloche s’attèle tout d’abord à changer le regard porté sur le monde de la rue (casser les clichés, se former, découvrir la parole de personnes sans domicile…).

L’association propose ensuite une multitude d’actions simples, à la portée de tous où chacun est libre de piocher et de faire ce qui lui correspond : assister à des événements, participer à des activités comme la Chorale ou du jardinage avec Les Clochettes, pré‐payer des produits en attente chez les commerçants du Carillon. Enfin, chacun est invité à emporter ces valeurs dans son quotidien pour que, petit à petit, une société plus inclusive se dessine (en parlant dans son entourage ou dans son milieu professionnel, en partageant les contenus de La Cloche, en continuant à aller vers ses voisins sans domicile…).

Pour aller plus loin, comme Axelle, vous pouvez commencer par donner 5 minutes de votre temps en vous rendant sur taspas5minutes.com. Un premier pas pour changer de regard sur notre monde.

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Par l'association La Cloche