Albi : le procès des identitaires reporté après les municipales

Le tribunal judiciaire d'Albi. / Google Maps

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Par Lou-Eve Popper

Neuf militants d'extrême-droite, proches de Patria Albigès, devaient être jugés, ce 18 septembre, pour l'agression de plusieurs personnes dans un bar d'Albi en début d'année. Le procès a été reporté à avril prochain pour déjouer une tentative d'annulation de l'affaire par la défense. Un report qui arrange les affaires du candidat RN à Albi.

La salle du chapitre au tribunal d’Albi était pleine à craquer. Jeudi 18 décembre devait se tenir le procès très attendu de plusieurs militants d’extrême droite affiliés au groupuscule identitaire Patria Albigès.

Neuf hommes, âgés pour la plupart d’une vingtaine d’années, étaient accusés d’avoir participé à une expédition punitive contre les clients d’un bar de la sous‐préfecture du Tarn, le 25 avril 2025. Cagoulés, armés de matraques télescopiques et de bombes lacrymogènes, une vingtaine d’agresseurs avait tenté de s’en prendre à R., un jeune homme connu pour son engagement à gauche et déjà victime d’une agression de Patria Albigès deux ans plus tôt. Plusieurs clients du bar avaient été blessés en cherchant à s’interposer. 

Parmi les prévenus, deux d’entre eux, membres de Patria Albigès, avaient déjà été condamnés, l’un pour la précédente agression de R., et l’autre pour provocation publique à la haine. Un troisième était, aux élections municipales de 2020, sur la liste RN menée par Frédéric Cabrolier, ancien député du Tarn et de nouveau candidat à la mairie d’Albi pour 2026.

Cette attaque s’inscrivait dans un contexte de tensions à Albi liées à l’activisme d’extrême droite. En juin 2024, des chants racistes en allemand avaient été entonnés lors de la Fête de la musique. En octobre de la même année, Patria Albigès avait organisé un rassemblement prônant la « rémigration », c’est‐à‐dire la déportation des étrangers et des Français d’origine étrangère.

En mars 2025, des affrontements avaient déjà eu lieu entre étudiants de bords opposés, en marge d’élections à l’université de Champollion. L’expédition punitive d’avril 2025 pourrait s’apparenter à une vendetta. Une heure auparavant dans la soirée, Clément Cabrolier, leader de Patria Albigès et fils de Frédéric Cabrolier, avait lui‐même été violemment agressé par des militants d’extrême gauche. Dans cette affaire, trois suspects ont été relaxés en première instance.

Tentative déjouée

Le procès a néanmoins été renvoyé à la demande du parquet pour cause de pièces manquantes au dossier. Vingt‐quatre heures plus tôt, les avocats de la défense avaient réclamé des éléments supplémentaires concernant la géolocalisation de leurs clients ce soir‐là. La procureure n’avait pas pu répondre favorablement à cette demande tardive. Les avocats de la défense se disaient pourtant prêts à ce que le procès soit maintenu.

« Leur stratégie était de formuler une demande en nullité, c’est-à-dire de démontrer que si des éléments manquent au dossier, il faut donc demander la relaxe », explique Me Charlotte Chacon, conseil de R.. Plutôt que de risquer une éventuelle relaxe pour vice de procédure, le parquet ainsi que les avocats des parties civiles ont donc préféré demander un report du procès, ce que le tribunal leur a accordé.

Un choix regrettable pour la défense : « La mise en cause de nos clients s’est faite dans des conditions procédurales inacceptables. Le délai demandé par le Parquet en est la preuve », estime Mathieu Sassi, l’un de leurs avocats.

Un nouveau procès se tiendra donc le 16 avril 2026, soit après les élections municipales auxquelles participe Frédéric Cabrolier. L’élu d’opposition d’extrême droite évitera peut‐être ainsi les questions embarrassantes sur ses liens avec le groupuscule raciste.

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