Quand on pense aux friperies, on imagine des boutiques à taille humaine où les habitants d’une ville viendraient déposer leurs vieux vêtements pour leur offrir une seconde vie. Autour des portants de Kilostock, une importante friperie toulousaine, les clientes n’imaginent d’ailleurs pas une autre origine pour les articles qu’elles s’apprêtent à acheter.
« Ce sont des gens qui donnent leurs vêtements ou alors c’est de la récup’ de masse », croit savoir Isabelle*, venue dans la friperie pour la première fois. « Je sais qu’à Toulouse on a pas mal de bennes à vêtements », poursuit Lise*, sa fille. Pourtant, presque aucun des blousons en cuir, des chemises hawaïennes ou des jeans autour d’elles ne viennent de la métropole toulousaine.
À vrai dire, tout est fait pour induire les consommateurs en erreur. Quand on entre à Green Vintage, une autre friperie toulousaine, impossible de passer à côté des slogans qui décorent les murs de la boutique. « Buy Vintage, Save the Planet » (Achetez vintage, sauvez la planète), « Say yes to Second hand » (Dites oui à la seconde main), « Fast fashion is dead » (La mode jetable est morte). Bref, tout porte à croire qu’acheter des vêtements dans ce magasin de la rue Saint‐Rome reviendrait presque à sauver la planète.
Le filon du greenwashing
« Recycle, Reduce, Reuse », avec ces slogans engagés, Green Vintage utilise à fond l’image écolo de la seconde main comme argument de vente. Dans son ouvrage L’envers des friperies, l’anthropologue Emmanuelle Durand analyse ce phénomène : « Certaines friperies tentent de redorer leur …