Les nombreuses failles de l’encadrement des loyers à Lille

Un an après avoir été relancé, le dispositif censé limiter les hausses de loyers dans la capitale des Flandres peine à modérer le marché. Non respect des loyers de référence, contournement des règles, peur des locataires de dénoncer leurs propriétaires, manque de moyens de contrôles… les trous dans la raquette ne manquent pas.

A Louer Lille 3
Appartement à Louer à Lille. Photo : Sheerazad Chekaik-Chaila

« J’en suis à une dizaine de visites et à chaque fois, ça dépasse l’encadrement des loyers, de deux à trois euros au mètre carré… Mais je vais peut‐être devoir rabattre mon caquet là‐dessus. Au bout d’un moment, il faut bien prendre un appart. »

Depuis un mois Sébastien, la trentaine, se cherche une nouvelle adresse à Lille. Juste avant de retourner chez ses parents, le Lillois partageait une colocation à Wazemmes, louée par une agence : « On avait l’impression de se faire voler parce que l’isolation était pourrie. Des fois, on se retrouvait trois semaines sans électricité, avec des problèmes de chaudière… Quand on a vu cette histoire d’encadrement des loyers et que le nôtre le dépassait, ça a été la goutte d’eau. » Sébastien rend ses clefs en février et profite depuis d’être hébergé pour voir jusqu’où il peut aller « dans l’exigence que l’encadrement des loyers soit respecté ».

En place depuis un an, le dispositif est en cours d’expérimentation à Lille et dans les communes associées de Lomme et Hellemmes jusqu’en 2023. Il suffit de quelques clics sur les sites de locations pour constater que la nouvelle réglementation est encore trop peu respectée. « Nous sommes toujours convaincus de son utilité, défend Anissa Baderi, adjointe en charge de l’habitat à la ville de Lille. C’est nécessaire pour lutter contre le logement cher. » Or le loyer médian de la capitale des Flandres est le plus élevé de toutes les villes centres des métropoles de plus de 500 000 habitants, excepté Paris.

Comment ça marche ?
Le principe est assez simple. Chaque année, le préfet fixe par arrêté des loyers de référence, à partir des prix constatés sur le marché par l’Observatoire local des loyers. Ils varient en fonction du nombre de pièces, de la surface habitable, de l’époque de construction et surtout de la localisation du bien. Les loyers sont dits encadrés car ils doivent se situer entre un loyer minoré de 30 % par rapport à ce loyer de référence et un loyer majoré au maximum de 20 %, mais uniquement pour les nouvelles mises en location ou en cas de renouvellement du bail.

Un simulateur, mis en ligne par la municipalité lilloise, permet aux propriétaires de connaître les montants de ces loyers de référence. Les locataires peuvent y vérifier si leur loyer est légal et avoir des détails sur la démarche à entreprendre lorsque cela n’est pas le cas. « Je vais dessus mais, pour tout vous dire, cela ne fait pas de moi quelqu’un qui respecte à 100 % l’encadrement des loyers », témoigne Julie*, 37 ans, propriétaire de trois appartements à Lille et d’un autre à Paris.

La Lilloise vit de ses locations qu’elle gère à temps plein. Son premier appartement, acheté à Cormontaigne il y a sept ans, rentre pile poil dans l’encadrement des loyers. Il s’agit d’une colocation de trois chambres louée pour un montant total de 1 330 euros hors charges. « Je ne l’ai jamais bougé depuis sept ans. Ce loyer me semblait cohérent à l’époque. Et il se …

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Par Sheerazad Chekaik-Chaila

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