Affaire Caudron : entre instrumentalisation et ambitions

Robert Vanovermeir, ancien 1er adjoint PS au maire de Villeneuve d’Ascq (2001-2008), réagit à notre article sur la plainte pour viols déposée contre Gérard Caudron, dont il a été longtemps le bras droit, et analyse les conséquences politiques locales de cette actualité.

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Hôtel de Ville de Villeneuve d'Ascq. Capture d'écran Google Maps

La mise en cause d’hommes politiques dans les affaires judiciaires est devenue presque une banalité. Presque à chaque fois, la thèse du « complot » est évoquée et celle de l’instrumentalisation politique est possible. C’était vrai dans les années 80, quand le 1er adjoint de Villeneuve d’Ascq de l’époque était mis en cause en tant que directeur de publication du journal municipal suite à la parution d’un article polémique d’un syndicat ; situation qui se répète à l’identique pour le maire actuel à cause d’une tribune publiée par le groupe FN potentiellement diffamatoire vis‐à‐vis d’une élue de droite qu’il a laissé paraître ; ou quand un élu était convoqué au commissariat à la suite d’une plainte pour coups et blessures dans le contexte d’un l’affrontement politique fratricide au sein de la municipalité de Villeneuve d’Ascq.

C’est probablement vrai, aujourd’hui, quand un organe de presse d’investigation révèle les mises en cause du maire de Villeneuve d’Ascq ou du Président de la MEL. A chaque fois, le rôle de la presse est en question. L’équilibre entre le principe – absolu – de la présomption d’innocence et celui – tout aussi absolu – de la liberté d’informer est toujours fragile. Il est de la responsabilité des journalistes de le rechercher et de celui de la justice d’intervenir dans le cas contraire. Pour autant, il est indéniable que les conséquences de ces mises en causes ne dépendent finalement que secondairement des conclusions judiciaires de ces affaires. Le temps, nécessairement long de la justice ne correspond pas à celui de l’immédiateté des médias et des réactions politiques.

Les cartes rebattues du jeu politique villeneuvois

Pour ce qui est de Villeneuve d’Ascq, les cartes du jeu politiques seraient incontestablement rebattues si le maire actuel devait renoncer à la nouvelle candidature qu’il avait évoquée récemment. Même si les élections municipales obéissent à d’autres logiques que les élections européennes, les résultats de ces dernières donnent à l’évidence des responsabilités particulières aux deux forces politiques arrivées en tête, La République En Marche (LREM) et Europe Écologie – Les Verts (EELV). Ni les uns ni les autres ne peuvent assurer, seuls, une majorité. Les règles électorales imposeront donc des alliances, que ce soit au premier tour ou au second.

Il appartiendra donc, ici comme ailleurs, au parti du Président de la République de choisir ou non de « tomber du côté où il penche » en s’alliant avec la droite. Comme il appartiendra aux « écolos » de choisir entre le « splendide isolement » hautain et la recherche d’un rassemblement avec d’autres composantes de la gauche, si toutefois ils se considèrent toujours comme membre de cette famille politique. A ce jour, il semble que La France Insoumise soit, elle‐aussi, davantage dans une dynamique d’isolement que de rassemblement, contribuant ainsi à faire perdurer l’éclatement « façon puzzle » de la gauche.

Quant aux socialistes villeneuvois, affaiblis mais pas disparus, il leur faudra probablement admettre qu’ils n’ont pas leur destin en mains et que leur positionnement local ne peut être séparé de celui de leur parti dans le jeu métropolitain. Si les élections se déroulent au niveau des municipalités, c’est à celui de la Métropole Européenne de Lille (MEL) que se situent les enjeux pour l’avenir. A condition, toutefois, que celles et ceux qui prétendent à diriger la MEL soient en mesure de présenter aux citoyens de vrais projets métropolitains lisibles et ambitieux. Et pas seulement les ambitions de tel ou tel, fut‐il ministre…

  • Je vous cite Robert
    « il est indéniable que les conséquences de ces mises en causes ne dépendent finalement que secondairement des conclusions judiciaires de ces affaires. Le temps, nécessairement long de la justice ne correspond pas à celui de l’immédiateté des médias et des réactions politiques »
    Le temps de la justice est à mon sens bien trop long et c’est aussi ce qui rend impossible de rendre son honneur à un politique déclaré innocent après avoir été accusé à tort selon l’adage « qu il n y aurait jamais de fumée sans feu ».
    Alors la responsabilité d un média qui incite, sans le reconnaître, les injustes jugements des lecteurs partisans doit être reconnue et assumée.

  • En effet, Daniel, il me semble que les journalistes,comme les autres, doivent assumer leurs responsabilités. Leur rôle est d’informer, pas de juger. Pour ma part, je tente aussi de ne pas me situer sur le terrain du jugement, pour lequel je n’ai aucune légitimité, ne sachant rien des faits alllégués.. Je tente seulement – peut‐être maldroitement – de réfléchir sur l’avenir de ce qui m’importe : la ville et la gauche.

    • oui idem pour moi Robert. Mais heureusement il n y a pas que la gauche.… Et pour moi, le plus important ce n est pas l’étiquette mais la volonté d’agir pour le bien de tous et la volonté de rassembler pour faire vivre ensemble le plus harmonieusement possible des gens qui ne pensent pas pareil. Les responsables des souffrances ou des insatisfactions des citoyens ne sont pas ceux que les politiques et les médias nous désignent à longueurs d infos. Les coupables se sont les partis politiques qui vivent sur les problèmes sans vouloir ou sans arriver à les résoudre..

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Par Robert Vanovermeir