« En finir avec le monopole d’Etat sur les gestions de crise »

La crise sanitaire actuelle est aussi politique, estime le spécialiste des risques, Olivier Borraz. Acceptant de tirer les premières leçons de cette gestion de crise pour Mediacités, ce sociologue de Sciences Po Paris jette un regard cru sur les failles du centralisme français et appelle à sortir du mythe de l’État-protecteur.

marianne covid
Illustration Jean-Paul Van der Elst

L’État français joue‐t‐il avec le feu ? Peut‐on comparer l’exécutif et les préfets à des pompiers pyromanes ? Se gardant bien de pousser la comparaison jusque‐là, Olivier Borraz ne décolère pas de voir le pouvoir national s’efforcer ainsi d’incarner seul l’autorité publique en cette période pour le moins mouvementée. 

Plutôt que de se concentrer sur l’essentiel, Emmanuel Macron et Edouard Philippe tentent de s’occuper de tous les aspects de la crise. Et réduisent le Parlement et les collectivités territoriales à de simples courroies de transmission… Le directeur du Centre de Sociologie des Organisations de Sciences Po espère que cette crise politico‐sanitaire agira comme une piqûre de rappel, en France. Il y a urgence, selon lui, à changer de paradigme pour gérer les prochaines crises de façon plus collective, et plus démocratique.

Quel regard portez‐vous sur la façon dont la France fait face à cette pandémie ? 

Olivier Borraz : Un regard critique. Notre pays a déjà affronté des pandémies par le passé. Plus récemment, notre pays a été confronté à d’autres catastrophes naturelles ou industrielles, de moindre ampleur certes mais tout de même déstabilisantes. Cela fait vingt ans que nous nous préparons à faire face à des évènements inattendus, à l’aide de plans et d’exercices de crise. Autant d’entraînements grandeur nature et de simulations dont nous aurions dû tirer un certain nombre d’enseignements utiles, histoire d’être prêt lorsqu’une menace sortant un tant soit peu de l’ordinaire se concrétiserait…

Ce jour a fini par arriver. Et manifestement, nous avions tort de nous croire invincibles. Nous ne sommes pas prêts. Nous n’avons pas su anticiper l’arrivée de ce nouveau coronavirus, et nous ne disposons pas des matériels pour en gérer la survenue. Tout cela pour dire que la crise que nous vivons aujourd’hui est le fruit à la fois du Covid‐19 et de la réaction politique inédite qu’il a suscitée.

N’est-il pas un peu tôt pour commencer à faire le procès de ce gouvernement ? N’est‐il pas logique de naviguer à vue lorsqu’on est ainsi plongés dans l’inconnu ?

Loin de moi l’idée de vouloir tirer sur l’ambulance. Mon souci, c’est de traquer …

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Propos recueillis par Hugo Soutra