Toulouse vue du ciel : flux et reflux industriel

AZF 2020 avril

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Par Gael Cérez

[3/5] Pendant tout l'été, Mediacités brosse le portrait de Toulouse à partir d'images satellites et aériennes. De la catastrophe d'AZF à la reconversion du site de Freescale, en passant par l'expansion de la zone aéroportuaire et aéronautique, tour d'horizon des aventures industrielles toulousaines.

L’agglomération toulousaine n’est pas un bassin industriel aussi dense que ceux des régions lilloise ou lyonnaise. Mais, observées depuis le ciel, les implantations industrielles sautent tout de même aux yeux, tout comme leur flux et leur reflux au fil des années. Alors qu’au sud de la ville, les pôles chimiques et électroniques ont pratiquement disparu pour des raisons différentes, la zone aéroportuaire s’est considérablement étoffée en aval de la Garonne.
La lente reconversion du site d’AZF
Les promeneurs qui empruntent l’allée Nicole Girard‐Mangin en direction de l’Oncopole se doutent‐ils du passé de cette prairie et du parc solaire bordant les rives de la Garonne, au sud de Toulouse ? Les habitants de longue date, c’est certain. Pour les près de 100 000 néo‐Toulousains arrivés après 2001, c’est moins certain.

Jusqu’à l’aube du XXIe siècle, le site est occupé par un complexe industriel de premier ordre : l’usine chimique AZF qui doit son nom à sa production d” AZote Fertilisants. Son histoire débute en 1924 quand le gouvernement a créé l’Onia (Office national industriel de l’azote) pour réduire les importations de fertilisants chiliens. La fabrique est construite en 1927 en zone inondable, à proximité de l’asile de Braqueville, renommé hôpital psychiatrique Gérard Marchant en 1937. Édifiée en rase campagne, l’usine est progressivement rattrapée par l’urbanisation à partir de 1948 quand la Cité Papus sort de terre pour héberger ses ouvriers et leurs familles. Celles de la Faourette et de Bagatelle apparaissent à leur tour à partir de 1957, suivies de pue par la Zup (Zones à urbaniser en priorité) du Mirail en 1960. Jusqu’à 3 800 employés travaillent dans le complexe industriel en 1960 (ci‐dessous photographié dans les années 50).

Le développement des zones résidentielles à proximité du site montre que les autorités n’ont pas considéré à leur juste valeur les risques d’explosion liés au stockage de nitrate d’ammonium. Plusieurs catastrophes témoignent pourtant déjà de sa dangerosité. En avril 1947, un cargo français transportant 2 080 tonnes de nitrate d’ammonium explose à Texas City causant au moins 581 morts. En juillet de la même année, l’explosion d’un cargo norvégien chargé de 3 133 tonnes de nitrate d’ammonium ravage Brest et tue 33 personnes. Il faut attendre la catastrophe de Seveso en Italie, en 1979 pour que des restrictions ne soient intégrées aux plans d’urbanisme toulousains

En 2001, le site d’AZF n’emploie plus que 450 personnes quand entre 20 et 120 tonnes d’un stock de 300 tonnes de nitrate d’ammonium explosent dans le hangar 221, le 21 septembre, à 10h17, provoquant un séisme d’une magnitude de 3,4 sur l’échelle de Richter. Un nuage d’ammoniac se forme, mais il est rapidement évacué par le  vent d’autan. Trente et une personnes sont tuées sur le coup, dont vingt‐et‐un travailleurs du site. 

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