Que se passe‐t‐il derrière cette palissade blanche longue de plus d’un kilomètre, boulevard de la prairie de Mauves ? L’été dernier, Nantes Métropole s’est lancée dans un plan aussi ambitieux que périlleux : l’évacuation du plus grand bidonville de France et de ses quelques 700 habitants, Roms.
Situé à l’est de la ville, le terrain d’une vingtaine d’hectares va servir à agrandir la déchetterie attenante, devenant un vaste pôle d’écologie urbaine. Une « résorption », selon le mot de la collectivité, dotée d’un budget de 80 millions d’euros maximum et qui doit se dérouler sur quatre ans, sans expulsions et en accompagnant les familles au cas par cas. « Avec humanité et fermeté » promet la maire‐présidente Johanna Rolland (PS).
Six mois après son vote au conseil métropolitain du 28 juin, le calendrier, vague dès l’origine, accuse déjà un sérieux retard. Et pour cause : en décembre dernier, l’unique prestataire, Coallia, chargé d’accompagner les familles, a dû renoncer au contrat. L’association pensait en effet externaliser les postes de sécurité, notamment le gardiennage du site. Une sous‐traitance d’un marché public devenue impossible depuis une décision de la cour administrative d’appel de Bordeaux de décembre 2023, qui fait jurisprudence.