Présent en nombre pour entendre les explications des protagonistes du chantage à la mairie de Saint‐Étienne, le public a d’abord dû évacuer de manière inattendue la salle du tribunal judiciaire de Lyon, lundi 22 septembre. Aux premières heures du procès du chantage à la mairie de Saint‐Étienne, la présidente de la 17e chambre correctionnelle, Brigitte Vernay, a en effet ordonné un huis clos pour permettre la diffusion d’une pièce centrale, et particulièrement sensible, du dossier : un extrait de la sextape filmée dans une chambre d’un hôtel parisien en janvier 2015.
Seuls les prévenus et leurs avocats ont pu faire face aux images dans la salle d’audience. La cible du complot, l’ancien premier adjoint Gilles Artigues, a aussi décidé de rester avec ses bourreaux présumés pour visionner l’odieuse séquence : un teaser de 2 minutes montrant des extraits du rendez‐vous programmé entre ce père de famille catholique et un escort.
Le film a été tourné à leur insu par Samy Kéfi‐Jérôme, alors adjoint à l’éducation et proche de Gilles Artigues, en lien avec son compagnon de l’époque, le communicant Gilles Rossary‐Lenglet. Brouillés depuis des années, les deux hommes se retrouvent pour une semaine à quelques mètres d’écart, pour répondre aux questions du tribunal sur ce kompromat à la française.
Ils sont même assis juste l’un derrière l’autre, sur des chaises disposées à l’avant de la salle d’audience, à côté d’un autre couple politique aujourd’hui déchiré : le maire de Saint‐Étienne, Gaël Perdriau, et son ancien directeur de cabinet, Pierre Gauttieri. Tous les deux soupçonnés d’avoir utilisé la fameuse sextape pour tenir politiquement Gilles Artigues.
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Contrition
Trois ans après le début de l’affaire, à l’occasion de ces retrouvailles au tribunal, le contraste est saisissant entre les élus et leurs anciens bras droits respectifs. Sur les deux chaises arrière, Gaël Perdriau et Samy Kéfi‐Jérôme se tiennent droit côte à côte, le regard fixe, impeccables dans leurs costumes bleu nuit parfaitement taillés.
Devant eux, Pierre Gauttieri et Gilles Rossary‐Lenglet, les hommes de l’ombre, tous deux malades et particulièrement éprouvés. Ils n’ont pas 60 ans mais peinent à se lever, et se déplacent lentement avec une canne. Les quatre hommes encourent notamment jusqu’à dix ans de prison pour chantage, association de malfaiteurs et détournement de fonds publics (et recel).
Samy Kéfi‐Jérôme est le premier à se présenter à la barre pour répondre aux questions du tribunal. Rien de plus normal : c’est lui qui …