Elles sont au moins 12. 12 personnes sans domicile fixe ont trouvé la mort dans les rues de Nantes, Saint-Nazaire ou Soudan en 2024. 12 sur les 855 à être décédées en France l’année dernière, selon la liste établie par le Collectif « Les morts de la rue ».
Ils sont morts dans l’indifférence, ou presque. En 2024, au moins 12 personnes sans domicile fixe ont perdu la vie dans les rues de Nantes, Saint‐Nazaire ou Soudan. C’est ce que révèle la liste noire établie par le collectif « Les morts de la rue » et publiée par La Croix. Au total, 855 décès de sans‐abris ont été recensés en France ces derniers mois.
Derrière ces chiffres, des vies. Celles de Laurent, Jordan, Damien… Certains n’ont même pas d’identité dans cette liste macabre. Des noms effacés par le temps et/ou la solitude. Ils avaient entre quelques mois (pour un bébé) et 72 ans. Sur les 12 décès de personnes sans domicile fixe recensés en Loire‐Atlantique, 9 ont eu lieu dans l’agglomération nantaise. Un chiffre en baisse comparé aux dernières années (12 en 2021, 14 en 2022 et 15 en 2023). Tous ne vivaient pas dans les rues des grandes villes, comme Nantes ou Saint‐Nazaire. C’est le cas de Damien, 49 ans, décédé le 27 février à Soudan, au nord du département près de Châteaubriant.
Lutte contre le sans‐abrisme à Nantes : toujours plus, jamais assez
Damien retrouvé près d’un fossé dans la campagne
Damien a été retrouvé « au bord du fossé » au petit matin du 27 février 2024, par une agente des services techniques municipaux de cette petite commune rurale. Comme le rapportait Ouest‐France le jour de la découverte de son corps sans vie, Damien était connu des habitants de Soudan. « Il a habité la commune jusqu’à octobre ou novembre 2023. Il avait été expulsé » de son logement, expliquait le maire de la commune à nos confrères. Dans une situation précaire depuis cette période, « il dormait dans sa voiture ».
L’histoire tragique de Damien, c’est celle de ces hommes et ces femmes touchés par des épreuves en cascade. Selon le collectif « Les morts de la rue », dans près de 90% des cas, ces personnes décédées dans l’espace public sont des hommes. Ils ont en moyenne 48 ans quand l’espérance de vie des Français atteint plus de 80 ans.
La crise du logement freine la lutte contre le sans‐abrisme
Même si la Loire‐Atlantique présente un taux de pauvreté inférieur à la moyenne nationale (10,5 % contre 15,3 % au plan national), 4 073 ménages de Loire‐Atlantique ont connu en 2022 une période « sans‐abris ».
La lutte contre le sans‐abrisme [érigée en priorité par la présidente de Nantes métropole], est freinée par la crise du logement dans le département. Selon l’Observatoire départemental, les ménages modestes, qui ont plus de difficultés à se loger dans le parc privé en raison du coût de l’immobilier, se tournent vers le parc locatif social. Or, son accès se complexifie puisque la demande augmente (+43 % entre 2014 et 2023) tandis que les attributions diminuent (-15 %) sur la même période. Un dossier complet de Mediacités se penche sur cette problématique centrale.
La liste complète des morts de la rue en Loire‐Atlantique entre janvier 2023 et février 2024
Un homme de 50 ans, le 4 février à Nantes ; Gérard, 60 ans, le 16 février à Nantes ; Damien, 49 ans, le 27 février à Soudan ; Laurent, 57 ans, le 12 mars à Nantes ; Sylvain, 46 ans, le 17 juin à Saint‐Nazaire ; un bébé, le 1er août à Nantes ; Jordan, 36 ans, le 15 septembre à Nantes ; une femme, le 18 septembre à Nantes ; Alexandre, 38 ans, le 22 septembre à Saint‐Nazaire ; une personne, le 26 septembre à Nantes ; un homme de 72 ans, le 19 octobre à Nantes ; un homme, le 18 décembre à Nantes.
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