Ces rares Républicains toujours vent debout contre le « traître » Darmanin

Darmanin
Gérald Darmanin

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Par Jacques Trentesaux

Dans le Nord, de rares militants républicains ont osé défier le ministre de l'Intérieur en marge de sa grande rentrée politique à Tourcoing.

C’est en urgence qu’une poignée de membres des Républicains ont tenté de faire émerger une parole dissonante en amont du grand raout de Gérald Darmanin du 27 août. Au programme, un communiqué vite ficelé et une affiche affublée de la Croix de Lorraine qui fustige le « désordre » républicain dont serait coupable le couple Macron‐Darmanin mais aussi la « provocation » de faire du sujet des classes populaires un thème de débat alors que « la France populaire est victime du macronisme ».

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Parmi les intrépides opposants au ministre de l’Intérieur, le délégué de la 2e circonscription Jérôme Garcia – qui s’était crânement lancé face à Gérald Darmanin aux législatives pour éviter l’absence de tout candidat LR – est à la manoeuvre mais aussi Françoise Hostalier, ancienne député du Nord et éphémère secrétaire d’Etat du 1er gouvernement Juppé. « C’est un petit caillou sur le chemin de la reconquête, assure cette dernière. On en a ras le bol du traître Darmanin. Qu’il nous laisse tranquille ! »

Débauchage de personnalités

En 2017, alors qu’il était secrétaire général adjoint des Républicains et patron du parti dans le Nord, Gérald Darmanin avait changé brutalement de camp pour rejoindre Emmanuel Macron et entrer au gouvernement. Une volte‐face qui ne passe toujours pas parmi certains LR, comme nous l’expliquait le journaliste François Vignoble, co‐auteur d’une biographie du ministre de l’Intérieur. Dans le Nord, les cinq délégués de circonscription LR signataires (il s’agit, outre Jérôme Garcia et Françoise Hostalier, de Jimi Erotico, Véronique de Miribel, Adrien di Pardo) et quelques élus et militants (tels que Patrice Zahra, Philippe Hubert ou Gérard Remacle) dénoncent « les tentatives de récupération d’un ministre en service commandé pour le débauchage de personnalités ». Au vu du succès de la réunion tourquennoise de ce dimanche, ce coup de gueule n’a eu aucun effet.

Les grands élus nordistes étaient en effet légion à Tourcoing. Le sénateur LR Marc‐Philippe Daubresse a même pris la parole pour évoquer la crise majeure du logement qui s’annonce… tout en soignant ses relations avec Gérald Darmanin « dont il partage le diagnostic sur la marmite sociale française qui nécessite un grand plan de cohésion sociale ». Il est vrai qu’il vaut toujours mieux soigner ses relations avec un ministre de l’Intérieur – notamment lorsqu’on est en campagne pour les sénatoriales comme Marc‐Philippe Daubresse, Olivier Henno ou Dany Wattebled, tous trois présents à Tourcoing dimanche.

Héritiers du gaullisme

Les anti‐Darmanin LR du Nord revendiquent être les vrais héritiers du gaullisme. Ils entendent reprendre la main sur une fédération, présidée actuellement par l’évanescent Sébastien Huyghe – qui ne se représentera pas – pour marquer clairement leurs différences avec Gérald Darmanin. « Aujourd’hui, beaucoup de LR ne savent plus où ils habitent et essaient de jouer sur tous les tableaux, poursuit Françoise Hostalier. Mais quand on met les pieds dans le même sabot, on risque de finir par terre. »

Dans l’immédiat, Gérald Darmanin continue de poser ses pions. Prochainement, il remettra la médaille de l’ordre du mérite à l’ancienne vice‐présidente du département Brigitte Astruc‐Daubresse, fidèle à sa distribution industrielle de breloques. Une politique à l’ancienne qui, jusqu’à preuve du contraire, fait toujours preuve de son efficacité.

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