Régionales dans les Hauts‐de‐France : Xavier Bertrand écarte la menace RN sur fond d’abstention record

Découvrez les résultats du premier tour des élections régionales dans les Hauts de France et des départementales dans le Nord et suivez en direct la soirée électorale avec Mediacités. Un premier tour de scrutin marqué par une abstention historique.

Eelections regionales et départementales Lille
Elections régionales et départementales à Lille le 20 juin 2020. Photo : Alexandre Lenoir

 
8h00 : les résultats définitifs du ministère de l’intérieur

Les informations à retenir à 23h00

  • Abstention historique : comme dans le reste du pays, près de 7 électeurs sur 10 ne se sont pas rendus aux urnes ce 20 juin pour le 1er tour des régionales et des départementales.
  • Succès éclatant de Xavier Bertrand qui décroche 41,4 % des suffrages exprimés… et 17 points de plus que le RN. De quoi lui permettre de ne pas solliciter d’alliance au second tour.
  • Grave échec de Sébastien Chenu : la tête de la liste RN n’obtient que 24,4 % des voix, soit 15 points de moins que Marine Le Pen en 2015.
  • Déception pour la liste d’union de la gauche de Karima Delli qui ne passe pas la barre des 20 %, et doit se contenter de 19 % des voix.
  • Désillusion pour la liste LREM menée par Laurent Pietraszewski. Avec 9,1 % des suffrages, elle n’est pas en mesure de se maintenir au second tour.

21h54 : Laurent Pietraszewski appelle à voter Xavier Bertrand. Crédité de moins de 10 % au premier tour des régionales, et donc non qualifié pour le second, la tête de liste de la majorité présidentielle a appelé ses électeurs à voter pour le président sortant le 27 juin prochain. « Les Hauts‐de‐France ont besoin de tout sauf de l’extrême incompétence, de l’extrême indécence, de l’extrême droite », a‑t‐il expliqué.

21h37 : Sébastien Chenu sort de son silence pour appeler les électeurs du RN à la « mobilisation pour combattre le système Bertrand‐Macron (…) Je vous demande, vous qui faites confiance à Marine Le Pen, de vous mobiliser ». Après son résultat très décevant à titre personnel, la tête de liste du RN se place clairement en deuxième ligne derrière la cheffe du mouvement.

21h24 : Karima Delli, cheffe de file de l’union de la gauche. « Quand les politiques ne s’intéressent plus à la vie des gens, les gens ne s’intéressent plus à la politique ». Karima Delli, tête de liste de l’Union de la gauche, a appelé au « sursaut » tout en se félicitant que les écologistes et la gauche soient « de retour au conseil régional. » Elle a confirmé que sa liste se maintenait pour le second tour. « Avec les résultats actuels, il n’y a pas de risque que l’extrême droite s’empare de notre région et je m’en félicite », a‑t‐elle expliqué.

21H15 : Marine Le Pen rejette l’échec du RN sur l’abstention. « La distorsion des intentions de vote avec les votes réels n’a qu’une seule explication : nos électeurs ne se sont pas déplacés, c’est pour ça que j’appelle au sursaut. Si vous voulez que les choses changent, vous devez voter, a déclaré la présidente du RN, depuis Hénin‐Beaumont. « En s’abstenant massivement, les électeurs ont laissé la main aux sortants. S’abstenir ce n’est pas les sanctionner, ça revient à les laisser en place », a‑t‐elle poursuivi.

21h14 : DEPARTEMENTALES : Marine Le Pen et Steeve Briois élus dans le Pas‐de‐Calais sur le canton d’Hénin‐Beaumont avec 60,09 % des suffrages*. La présidente du RN sauve l’honneur alors que le parti d’extrême‐droite n’atteint pas les scores espérés pour les Régionales. 
  

20h57 : Rémi Lefebvre renchérit sur le « faible score » de Karima Delli sur France Inter : « Quand on a été absent du conseil régional pendant six ans, ce qui a été le cas de la gauche et des écologistes, il est difficile d’exister dans une élection. »

20h34 : « Karima Delli a à peu près fait le même score que le PS, seul, en 2015 », souligne Pierre Mathiot, politologue et directeur de l’Institut d’études politiques (IEP) de Lille. La tête de file de l’union de la gauche récolterait 17,5 % des voix, selon les premières estimations Ipsos / Sopra Steria. Lors des dernières élections régionales de 2015, Pierre de Saintignon, candidat du PS, avait mobilisé 18,12 % des électeurs. Pour Pierre Mathiot, l’absence de clarté « n’aurait pas mobilisé les électeurs ». Il ajoute : « La stratégie de l’union de la gauche ne semble donc pas augmenter le score total de la gauche. »

20h22 : Xavier Bertrand s’attribue la baisse du RN. « Les électeurs des Hauts‐de‐France m’ont à nouveau chargé de me battre pour poursuivre le renouveau de notre belle région », s’est félicité Xavier Bertrand, après avoir appris qu’il aurait mobilisé 43,1% des électeurs selon les premières estimations. Le président de la région a tenu à rappeler qu’il avait « fait rempart contre le Front national », en « rassemblant la majorité des habitants des Hauts‐de‐France ».

20h02 : Xavier Bertrand largement en tête au premier tour. Selon une estimation Ipsos / Sopra Steria, le président sortant récolterait 43,1 % des voix devant le RN Sébastien Chenu qui n’obtiendrait que 24,4 % des suffrages, en très fort recul par rapport au score de Marine Le Pen en 2015 (40,64 %). Karima Delli, à la tête de la liste d’union de la gauche et des écologistes rallierait 17,5 % des suffrages, loin de la barre des 20 % qu’elle espérait. Déception plus grande encore, la  liste LREM de Laurent Pietraszewski ne passerait pas le cap qualificatif pour le second tour avec seulement 8,5 % des voix, et ce malgré le renfort de plusieurs poids lourds du gouvernement. Eric Pecqueur (LO) obtiendrait 3,5 %, le souverainiste José Evrard (2,2 %). Audric Alexandre ferme la marche avec 0,6 % des suffrages.

19h48. Le politologue lillois Rémi Lefebvre s’attendait à une très forte abstention en raison de « l’illisibilité des règles du scrutin » et de « la nationalisation des enjeux » lors ce ces élections régionales et départementales mais manifestement pas à cette « claque » démocratique dans ce tweet où il fait référence à une tribune parue dans Libération.

Invité à commenter les résultats ce dimanche soir sur France Inter, il a mis en cause les ratés de la décentralisation. « Quatre niveaux d’institutions territoriales, c’est trop ça crée de la confusion ». Dans une interview à la Voix du Nord, il s’agace : « Qui a compris quelque chose ? Entre les régionales et les départementales, pas les mêmes enjeux, pas les mêmes alliances, pas les mêmes modes de scrutin. » « Du coup, ils se sont dit à quoi bon aller voter ? »

19h12 : Le premier sondage sur l’abstention dans les Hauts de France est tombé. Elle devrait atteindre un taux record de 67 %, selon l’estimation de Ipsos/Sopra Steria pour France Télévisions. Au niveau national, elle s’élèverait à 66,1%. Autrement dit, près de 7 électeurs sur 10 ont boudé les urnes au premier tour des régionales et des départementales.

18h20 : Taux de participation à 17h. Il n’y aura pas eu de miracle. Les élections régionales 2021 seront marquées par un taux de participation historiquement faible. A 17 h, celui‐ci était de 27,17 % dans les Hauts‐de‐France contre 49,10 % en 2015 au premier tour à la même heure. C’est un peu plus que dans l’ensemble du pays où la participation s’élevait à 26,72 %. Dans le détail, le taux de participation atteignait 25,23 % dans le Nord, 27,74 % dans l’Oise, 28,55 % dans la Somme, 28,58 % dans le Pas‐de‐Calais et 30,09 % dans l’Aisne.

Au niveau national, l’abstention devrait atteindre entre 66,1 % et 68,6 % suivant les sondages. Le record de 2010 – 53,67 % – va être enfoncé.

Abstention
Un bureau de vote lillois déserté lors du premier tour des élections régionales et départementales, le 20 juin 2020. Photo : Alexandre Lenoir

18h05 : Les forces en présence

Des élections locales dominées, voire polluées, par les enjeux nationaux. C’est le constat – un peu désabusé – de cette édition 2021 des régionales. Le phénomène est particulièrement marqué dans les Hauts‐de‐France où cette dimension nationale imprime sa marque sur les quatre principales têtes de listes en présence.

À tout seigneur tout honneur. Le président sortant, Xavier Bertrand (56 ans), a fait de sa réélection à la Région une condition à sa candidature à la présidence de la République, l’année prochaine, où il espère rallier la droite derrière lui. Conséquence, il communique autant pour cet objectif ultime que pour des régionales où il défend davantage un bilan qu’il ne fait de propositions nouvelles. Sur son site officiel, on ne trouve pas de programme proprement dit pour les six ans à venir mais une série de vidéos résumant son action passée.

Son adversaire numéro 1 dans les sondages, le député du Rassemblement national Sébastien Chenu (48 ans), attire lui aussi les regards du pays. Avec cette question : peut‐il réussir là où Marine Le Pen a échoué en 2015 ? Les Hauts‐de‐France sont une des trois régions où la victoire du RN est envisagée. Mais la stratégie de Sébastien Chenu ne diffère en rien de celle de ses collègues de parti : il surfe avant tout sur les thèmes de la sécurité et de l’immigration. Le reste de son programme est embryonnaire. Alors qu’aucun document n’était disponible jusqu’à ces derniers jours, cinq priorités sont apparues sur son site de campagne dans le courant de la semaine.

À la tête de la seule liste d’union de la gauche du pays, l’eurodéputée verte Karima Delli (42 ans), patronne de la commission transports au Parlement européen, est elle aussi, désormais, une figure nationale. Son score sera forcément scruté au‐delà des Hauts‐de‐France en vue des élections à venir. Sur ces régionales, c’est la candidate qui présente le programme le plus étoffé.

Dernier des candidats susceptibles de passer le premier tour, Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État à la réforme des retraites, souffre d’un gros déficit de notoriété. À tel point qu’Emmanuel Macron a envoyé un commando de ministres pour aider la liste LREM à franchir la barre fatidique des 10 % des voix, qualificative pour le second tour. Avec, en tête, le ministre de la Justice, Éric Dupond‐Moretti. Sans toutefois d’effets visibles dans les sondages. Son programme décline au plan local plusieurs initiatives gouvernementales. Il est consultable ici.

Trois autres candidats accompagnent ces quatre « têtes d’affiches » :

José Évrard, 75 ans, tête de liste Debout la France. Passé par le PCF jusqu’en 2001, puis par le RN dont il a été député jusqu’en 2017, il le quitte la même année pour Florian Philippot et finit par rejoindre Nicolas Dupont‐Aignan et DLF en 2020. Son programme, très national, vise essentiellement à sortir de l’Europe. Il est anti‐éoliennes et pro‐nucléaire. Parmi les quelques mesures de niveau régional : « aider les artistes à venir dans nos territoires ruraux » ou « soutenir le patrimoine labellisé intérêt régional ».

Audric Alexandre, 31 ans, est le benjamin des candidats. Enseignant d’anglais à la fac de Douai, il conduit une liste regroupant des mouvements citoyens et des partis pro‐européens comme le Pace, Volt, Nous Citoyens et Allons Enfants. Partisan d’une France fédérale, ses premières mesures en cas d’élection seraient un plan de relance des clubs sportifs et la mise à disposition gratuite de protections hygiéniques dans les lycées et les universités. Défenseur des langues régionales, il veut rendre gratuit l’ensemble des transports publics.

Éric Pecqueur, 54 ans, est la tête de liste Lutte ouvrière. Ouvrier à l’usine Toyota d’Onnaing, c’est un habitué des joutes électorales. Il a déjà été candidat aux régionales en 2015 notamment. Il défend essentiellement des mesures anti‐capitalistes au niveau national – « redistribution des milliards volés par les actionnaires », expropriation des grands patrons, interdiction des licenciements… – sans vraiment de programme régional.

Régionales dans les Hauts‐de‐France : demandez les programmes !

  • C’est sur le seul premier tour que doit être apprécié la légitimité du très probable gagnant du deuxième tour qui prétendait, selon Voix du Nord, solliciter le suffrage de 67 millions de Français .….. qui ne sont pourtant qu’environ 62 millions tous âges confondus dont environ 48 000 en âge d’être inscrits.

    Or cette seule vraie légitimité , n’est que de 13,82 %.

    Sachant, car il faut être honnête, que probablement un certain nombre d’électeurs auraient voté pour lui si, à tort ou à raison, certains de sa victoire finale, ils n’avaient pas jugé inutile de se déplacer. Combien ? Certainement pas 36,18 % plus 1 (soit la moitié plus 1 de 404 442 inscrits), alors que parfois, même des gens très bien ne jugent plus utile de participer à ces tragi‐comédies électorales. 

    Notre système électoral pseudo‐démocratique est vraiment incohérent, lamentable et à changer. Mais les professionnels de la politique (avec un tout petit p) ne doivent pas trop s’inquiéter : les mougeons continuent de mougeonner , y compris les suiveurs d’un hologramme imprévisible.

  • Je me corrige

    C’est sur le seul premier tour que doit être appréciée la légitimité du très probable gagnant du deuxième tour qui prétendait, selon Voix du Nord, solliciter le suffrage de 67 millions de Français .….. qui ne sont pourtant qu’environ 62 millions tous âges confondus dont environ 48 millions en âge d’être inscrits.

    Or cette seule vraie légitimité , n’est que de 15,32 %.

    Sachant, car il faut être honnête, que probablement un certain nombre d’électeurs auraient voté pour lui si, à tort ou à raison, certains de sa victoire finale, ils n’avaient pas jugé inutile de se déplacer. Combien ? Certainement pas 34, 68 % plus 1 (soit la moitié plus 1 de 406 442 inscrits), alors que parfois, même des gens très bien ne jugent plus utile de participer à ces tragi‐comédies électorales. 

    Notre système électoral pseudo‐démocratique est vraiment incohérent, lamentable et à changer. Mais les professionnels de la politique (avec un petit p) ne doivent pas trop s’inquiéter : les mougeons continuent de mougeonner , y compris les suiveurs d’un hologramme imprévisible.

  • Je ne me trompe pas autant que Bertrand mais je pars de tableau du minint différents
    Mais le fond de l’analyse est bon : le score de Bertrand par rapport aux inscrits est ridicule et 50 % plus 1 des inscrits serado

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Par Yves Adaken et Brianne Cousin

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