Le coronavirus, crash‐test du « manger local » pour la métropole de Lyon

Comment nourrir une agglomération confinée ? Depuis trois semaines, les initiatives en faveur de la production locale se multiplient à Lyon et laissent entrevoir une « reterritorialisation » de l’approvisionnement. Mais la métropole est encore très loin de l’autonomie alimentaire tant fantasmée.

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Une exploitation agricole des Monts-du-Lyonnais. Photo : Alberto Campi

Déjà trois semaines que Cécile Jacob, associée à la ferme des Bien Vivants à Champlecy (Saône et Loire), ne touche plus terre. Cette productrice de fromage de chèvre, viande et charcuterie a pris de plein fouet l’annonce du confinement, le 17 mars dernier. Plus de restaurants, ni de cantines. « Concrètement, la moitié de nos débouchés sont au point mort », détaille‐t‐elle. « 20% de notre production part dans les restaurants et les traiteurs, 20% part à Rungis, 10% chez l’affineur qui commence à sur‐stocker ». Tout ça en plein pic de production, avec du « boulot par‐dessus la tête ». Bref, la catastrophe.

Mais l’agricultrice n’a pas eu le choix. « On s’est dit : qu’est-ce que qu’on fait ? On a des charges, il faut rentrer de l’argent. On a décidé de monter un réseau sur Lyon. On a créé un bon de commande qu’on a partagé à nos amis, ils l’ont fait passer entre eux, et il s’est retrouvé sur la page Facebook des réseaux solidaires créée à la suite de la fermeture des marchés. Ça a amplifié notre réseau, les commandes se sont remplies… puis on est parti à l’aventure, de Lyon Est à Lyon Sud, avec neuf arrêts. C’est crevant mais génial, les gens sont très encourageants ! ». Enthousiaste, Cécile Jacob se dit prête à poursuivre dès la semaine prochaine, voire même au‐delà du confinement. « Désormais on a la liste de mails, un moyen d’avoir directement accès aux gens. S’ils sont intéressés, ils commanderont. »
300 demandes pour 120 paniers
L’annonce de la fermeture des marchés, le 23 mars dernier, a amplifié une tendance déjà existante, mettant en lien direct producteurs et consommateurs via les réseaux sociaux. Jérémy, un habitant du quartier de la Guillotière témoigne : « Ma femme fait partie d’un groupe de parents d’élèves sur WhatsApp. Un des parents a fait passer le contact d’un producteur se proposant de faire des paniers. On a passé commande et récupéré notre panier devant une boutique cours de la Liberté ».

Aidés par des commerçants qui leur ont mis leur pas‐de‐porte à disposition, les producteurs des marchés sont nombreux à s’être débrouillés pour garder leurs clients. Comme Cédric Pochon, maraîcher à Chaussan, dans les Monts du Lyonnais. « Normalement je vends sur le marché de Saint‐Just. J’avais des mails de clients déjà, et le comité d’intérêt local du quartier m’a donné d’autres contacts. J’ai ét …

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Par Blandine Flipo