96 plumes au service de l’enquête : les journalistes pigistes de Mediacités

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Illustration : Jean-Paul Van Der Elst.

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Par Sylvain Morvan

La richesse éditoriale de notre journal doit beaucoup à la variété de ses plumes. C'est pourquoi nous voulons rendre hommage à nos journalistes pigistes.

Au départ, Mediacités, c’est une équipe de sept fondateurs qui partagent l’envie de créer un journal en ligne dédié à l’enquête. Deux ans et demi après le lancement du site, on a fait les comptes : 900 articles ont été publiés sur Mediacités. Toutes ces enquêtes, nous n’avons pas pu les rédiger seuls. A Lille, Lyon, Toulouse et Nantes, nous nous sommes appuyés sur un réseau de journalistes pigistes – c’est à dire indépendants – pour enquêter en profondeur sur les pouvoirs locaux.

Le journaliste pigiste est un salarié : il est rémunéré pour chaque enquête, à la fin du mois de la publication, et reçoit une fiche de paie. Nous les réunissons régulièrement pour des réunions de rédaction. Parfois, ce sont eux qui nous proposent des enquêtes, parfois nous qui les leur confions. Peu importe qu’ils soient titulaires ou non de la carte de presse, diplômés de telle ou telle école de journalisme : n’importe quel reporter faisant preuve d’esprit critique mais aussi d’audace, prêt à poser les questions qui fâchent, capable de rapporter de l’info exclusive ou originale du terrain, bref qui ne se contente pas de jouer les sténo‐dactylos dociles et disciplinés, est susceptible d’intégrer la grande famille de Mediacités. 

En tout, 96 journalistes sont signataires d’au moins un article sur Mediacités. 40 femmes et 56 hommes. Chacun a apporté sa vision, ses compétences, ses domaines d’expertise. C’est le cas, par exemple, d’Isabelle Jarjaille, journaliste indépendante qui enquête sur la gestion des services publics par le privé et son impact sur les finances publiques.​ Chez nous, elle a notamment documenté le fiasco de Notre‐Dame‐des‐Landes comme le scandale de la privatisation de l’aéroport de Toulouse.

« J’accumulais des idées d’enquêtes sans avoir de support susceptible de les publier, jusqu’à l’existence de Mediacités »

« Après plusieurs enquêtes sur la gestion des autoroutes, je me suis intéressée à tous les autres services publics gérés par le privé et aux dérives financières en découlant parfois, explique Isabelle. Or la presse locale n’a ni l’argent (enquêter est très chronophage et doit être rémunéré en conséquence), ni la place suffisante dans ses colonnes. Ni, parfois, l’indépendance nécessaire pour publier ce type d’enquêtes. D’un autre côté, les sujets sont souvent trop locaux pour intéresser la presse nationale. J’accumulais donc des idées d’enquêtes sans avoir de support susceptible de les publier. Jusqu’à l’existence de Mediacités ! »

Romain Gaspar, quant à lui, a le goût des chiffres : pour Mediacités, il a passé au crible la participation et le vote des députés depuis le début de la mandature : « Après un stage l’été dernier, j’ai continué à travailler pour Mediacités en tant que journaliste pigiste, pour participer à l’installation d’un nouveau média d’investigation local impertinent, original et riche en révélations. Mediacités m’offre une diversité de formats et une grande liberté pour mettre à profit mes compétences en data journalisme. Son ancrage sur les territoires donne un nouveau souffle au paysage médiatique trop parisianiste à mon goût. »

Bon nombre des journalistes pigistes de Mediacités sont par ailleurs des correspondants de la presse nationale en région. Emmanuel Riondé, journaliste indépendant basé à Toulouse, travaille régulièrement avec Basta Mag ou Mediapart. Pour Mediacités, il a effectué une plongée dans les groupuscules de l’extrême‐droite toulousaine. Ou, plus récemment, une enquête sur la façon dont Jean‐Luc Moudenc, maire de la ville rose, est devenu un interlocuteur privilégié de l’Elysée.

« Enquêter sans œillères »

Laissons‐le raconter pourquoi il a rejoint l’aventure Mediacités : « Dans un pays où il est plus ou moins considéré que la presse de qualité se trouve dans la capitale et que les régions doivent se contenter de vieux titres de la presse quotidienne régionale, l’offre éditoriale de Médiacités me semble particulièrement pertinente, explique Manuel. Il s’agit de documenter avec rigueur ce qui se passe dans et autour des grandes métropoles, d’enquêter sans œillères sur les rapports sociaux et de pouvoirs qui les agitent… Le tout dans un nouveau média en ligne, indépendant et insubordonné aux forces économiques et politiques locales. La mise en place d’un réseau de presse régionale libre et alternative, offrant de véritables contre‐pouvoirs locaux et affranchi du regard parisien surplombant, m’apparaît comme un vrai défi à relever. Mediacités s’y emploie, j’ai souhaité être de l’aventure. »

A ces journalistes pigistes qui accompagnent Mediacités depuis sa création, nous voulons dire merci. La richesse éditoriale de notre journal doit beaucoup à la variété de ses plumes.

  • jusqu à présent j’appréciais les plumes mais celui qui vient de voler dans les plumes d Auchan m’a bien énervé par son parti pris. A quoi va servir son enquête ? certainement pas à sauver des salariés.… La critique est facile mais entreprendre et créer des emplois l’est beaucoup moins.