«Qui s’occupe de mettre les fruits en rayons ? ». Il est bientôt 11 heures et quatre personnes s’activent dans le petit local de l’épicerie Demain, dans le quartier de Gerland (Lyon 7e). Une livraison vient d’arriver. Le magasin ouvre dans quelques minutes, des cagettes de tomate encombrent encore les allées. Il faut disposer les produits dans les rayons, préparer les étiquettes, sans oublier de désinfecter la boutique, Covid-19 oblige. « C’est le rush », s’amuse Matthieu Duchesne, l’un des deux salariés du magasin, qui pianote sur l’ordinateur de la caisse.
Pour cet ancien cadre de la chaîne de fast-food KFC, la prise de conscience est arrivée vers 30 ans. Après quelques années dans l’antre de la malbouffe et du poulet frit, il devient végétarien et s’interroge sur l’accès à une alimentation éthique et de qualité, encore très élitiste à ses yeux. La révélation survient avec un documentaire sur le Park Slope Food Coop, un supermarché coopératif fondé en 1973 à New York, aujourd’hui fort de 16 000 membres. Le modèle du genre.
Le principe de base du supermarché coopératif est simple : il est dirigé et géré au quotidien par ses actionnaires, sur le modèle “un coopérateur = une voix ”. Les membres sont les seuls à pouvoir y faire leurs courses, en échange d’un temps de travail bénévole pour faire tourner la boutique. Une auto-gestion qui permet de réduire fortement les coûts de fonctionnement et qui favorise des prix plus bas que dans la grande distribution classique (entre 15% et 30% moins cher). Seuls quelques salariés (en moyenne un pour 500 coopérateurs) restent nécessaires pour assurer les tâches quotidiennes.
450 membres
Au supermarché Demain, comme dans la plupart des projets similaires, cette organisation est associée à une démarche éthique et environnementale, favorisant les produits locaux, bio et les circuits courts.   . . .