Quel impact pour les enquêtes de Mediacités Toulouse en 2023 ?

Les enquêtes de Mediacités Toulouse ont-elles eu des impacts en 2023 ? Dans ce quatrième rapport, votre média d’investigation locale explore les répercussions de quelques-unes des enquêtes publiées cette année et les précédentes.

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Le journalisme d’investigation a‑t‐il un impact à l’échelon local ? Nos révélations ont‐elles fait évoluer les choses ? Et dans quel sens ? Sont‐elles à l’origine d’un débat public ou d’une procédure judiciaire ? C’est désormais un rituel : à l’approche de la fin de l’année, nous prenons le temps de nous retourner sur les publications des douze derniers mois pour tenter d’apporter des réponses à ces questions. Après 2020, 2021 et 2022, nous nous sommes donc pliés à cet exercice salutaire du « rapport d’impact » pour la quatrième année consécutive.

Cette année, notre rédaction composée de deux titulaires et d’une quinzaine de journalistes indépendants a publié près de 180 articles à Toulouse, dont une quarantaine d’enquêtes. La recherche d’un quelconque impact oblige cependant à l’humilité.

Ainsi, raconter l’envers du décors du magasin Midica à Toulouse, l’existence d’une plainte, puis la condamnation de cette enseigne emblématique pour travail dissimilé, ne peut être épinglé sur notre tableau de chasse. Même chose concernant l’hypermarché Leclerc Roques, où nous avons relaté dernièrement comment la direction avait rogné les salaires dus à certains de ses employés. Ces publications auront, tout au plus, changé la perception que les clients ont de ces commerces, mais cela reste difficile à estimer.

Au final, quatre de nos publications – récentes ou plus anciennes – ont eu un impact indéniable cette année. Les voici.

1. Garde‐à‐vue pour un ancien élu de Cugnaux

Ouverte fin 2019 après nos révélations sur le mélange des genres d’un ancien adjoint à l’urbanisme de Cugnaux (Haute‐Garonne), l’enquête préliminaire pour prise illégale d’intérêts, trafic d’influence passif, corruption passive et blanchiment, recel de prise illégale d’intérêts s’est accélérée en 2022. Trois personnes mises en cause, dont l’ancien adjoint Roger Montlibert, ont été placées en garde à vue et auditionnées, le 11 janvier 2022. Selon le procureur de Toulouse, l’enquête est à son stade final. Les moyens de la justice toulousaine étant particulièrement faibles, le dossier n’est pas encore conclu à notre connaissance. 

Parallèlement, la plainte en diffamation de Roger Montlibert contre Mediacités a été jugée en mars dernier et nous avons été relaxés.

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2. Sensibiliser la société aux violences sexistes

En 2021, Mediacités a participé à la libération de la parole sur les violences sexistes dans le milieu de la musique. Notre enquête sur un ancien manager toulousain de Jerkov Music, nous a valu d’être poursuivi en diffamation par ce dernier. Une procédure toujours en cours. Celui‐ci a également porté plainte contre le cofondateur de la plateforme MusicToo, à l’origine des témoignages vérifiés par notre enquête.

Jugé fin avril, il été relaxé. Les arguments du tribunal témoignent d’une évolution de la société sur cette thématique. « Il ressort de la procédure et du débat que le compte instagram #MusicTooFrance a été créé par un collectif qui a pour objectif de dénoncer les violences sexistes et sexuelles dans l’industrie musicale. Ce collectif s’inscrit dans le mouvement contemporain de libération de la parole de victimes de violences. Le sujet traité présente donc un intérêt général majeur (…) Le soutien aux victimes relève de l’intention de poursuivre un objectif légitime », affirme le tribunal.

Cette affaire a également donné lieu à une soirée de soutien à laquelle Mediacités a participé. Cet évènement festif a permis de « démontrer que les procédures bâillons peuvent être contrées par un effort collectif, par une réponse musicale et militante aux personnes qui utilisent le droit pour continuer le harcèlement sur le terrain judiciaire », selon son organisateur. Un tel élan de solidarité montre que le rapport de force a changé et que la culture du silence est en passe d’être définitivement brisée.

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3. Dénoncer la pédocriminalité au sein de l’Église catholique

En septembre dernier, Mediacités a révélé comment l’évêché de Cahors avait protégé un prêtre pédocriminel. Sa victime, un jeune enfant de chœur a été agressé sexuellement par ce curé d’une trentaine d’années entre 2002 et 2006. Ce n’est qu’en 2011, pendant ses études de séminariste, que le jeune homme a pris conscience de la gravité des faits. Malgré les pressions de la hiérarchie épiscopale, sa plainte a permis de faire condamner le prêtre en 2013. Pas de quoi convaincre l’évêque de Cahors d’écarter ce dernier. Celui‐ci est même devenu vicaire dans une petite paroisse du Lot. Sa victime, au contraire, a dû renoncer à ses études de séminariste, à la demande de l’évêque.

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La publication de notre article n’a pas fait prendre conscience à l’actuel évêque de Cahors du décalage entre ses décisions et l’évolution de la société sur la question de la pédocriminalité. Elle a cependant permis d’alerter les paroissiens et de forcer l’évêché à mettre le prêtre en congé. Cette enquête a également libéré la parole au sein de la communauté catholique du Lot, comme Mediacités en fera part en début d’année prochaine.

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4. Susciter la générosité

C’est la jolie histoire de cette fin d’année. En décembre, nous vous contions les malheurs de Jérôme, un Tarnais de 89 ans, dont la maison va être longée par l’A69. S’il a empoché 400 000 euros pour compenser le fait de perdre son domicile, le vieil homme a eu la peine de voir ses arbres réduits en copeaux par Atosca. Des spécimens qu’il avait lui‐même plantés dans son jardin.

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La tristesse de son récit a ému une de nos lectrices. Membre du collectif Micro‐forêt de Toulouse en Transition, celle‐ci nous a demandé de la mettre en relation avec « le vieux monsieur exproprié » pour lui offrir un ou plusieurs plants d’arbres. La rencontre et la plantation devraient avoir lieu avant le 31 décembre. Promis, on publiera la photo de cet élan de solidarité.

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Par Gael Cérez