Législatives 2022 : Ce qu’il faut retenir du premier tour en Haute‐Garonne

La gauche accède au second tour partout dans le département, grâce aux scores de la Nupes, qui totalise 161 700 voix et arrive en tête dans sept circonscriptions sur dix. Derrière, la majorité présidentielle réunit 121 500 voix. Mais le grand gagnant de ce premier tour est une nouvelle fois l'abstention, qui concerne 42,5% des inscrits.

Bureau de vote Minimes Toulouse
Au premier tour, dans un bureau de vote des Minimes à Toulouse. Photo Gael Cérez.

Dans la lignée de la présidentielle, ce premier tour des législatives confirme la polarisation de l’espace politique en trois forces : la majorité présidentielle emmenée par LREM, la coalition de gauche pilotée par LFI et le bloc d’extrême droite porté par le RN. En Haute‐Garonne, on retrouve cette tripartition, emmenée par la Nupes, qui vire largement en tête au premier tour, en arrivant en première position dans sept circonscriptions. Sur l’ensemble des dix circonscriptions, 161 700 électeurs lui ont donné leurs voix (et même 174 000 si l’on ajoute les voix de Joël Aviragnet dans la 8e, candidat socialiste investi puis désinvesti par la Nupes), soit 17 % des inscrits et 33 % des votants.

Législatives 2022 : les bons scores de la Nupes ne scellent pas la défaite de la majorité présidentielle en Haute‐Garonne

En face, les candidats de la majorité présidentielle réunissent 121 500 voix, soit 13 % des inscrits et 25 % des votants. Le RN convainc 84 300 électeurs, soit 9 % des inscrits et 17 % des votants. Un score auquel s’ajoutent les 21 000 voix des candidats Reconquête, représentant 2 % des inscrits et 4,2 % des votants. Les Républicains obtiennent de leur côté 27 500 voix, soit 3 % des électeurs inscrits et 5,5 % des votants. Un résultat moins important que l’agglomérat de candidats étiquetés divers gauche qui, mis bout à bout, totalisent 30 600 voix, soit 3,2 % des inscrits et 6,2 % des votants. Enfin, l’abstention réalise sans surprise un joli score, en particulier dans les 5e, 7e et 9e circonscriptions. 398 459 des électeurs ne se sont pas déplacés au premier tour, soit 42,5% des inscrits.

Les résultats dans chaque circonscription

1ère circonscription : Le fils Baudis écrasé par Hadrien Clouet de la Nupes

Dans la 1ère circonscription, Hadrien Clouet (Nupes‐LFI) rallie 39,79 % des 43 896 votants. Derrière lui, Pierre Baudis (LREM‐Ensemble) obtient 28 % des voix. La troisième marche revient à Cathy Marsal (RN) avec 9,75 %. Pierre‐Nicolas Bapt (PRG) réunit 7,13 % des suffrages. Derrière la candidate Reconquête Aude Battistella (4,7 %), le candidat Les Républicains Oscar Castillo‐Mendegris échoue lui aussi en ne dépassant pas les 5 % avec 3,73 % des voix. Les cinq autres candidats se répartissent 6,7 % des bulletins. L’abstention est en légère diminution par rapport à 2017 (47 % des inscrits, contre 49,4, il y a cinq ans).

2e circonscription : La même affiche qu’en 2017… mais en inversant les rôles

Le premier tour a un air de déjà vu dans la 2e circonscription. Sauf que les rôles sont inversés. Le député sortant Modem‐LREM Jean‐Luc Lagleize rassemble 14 800 voix, soit 27 % des suffrages exprimés et 14 % des inscrits. C’est 4 000 voix de moins qu’en 2017. Face à lui, Anne Stambach‐Terenoir prend sa revanche. La candidate Nupes‐LFI obtient 20 570 voix (20 % des inscrits et 37 % des exprimés), soit 12 000 voix de plus qu’en 2017. Le bloc d’extrême droite double son score (en passant de 5 000 à 9 500 voix), tandis que LR s’effondre ici comme ailleurs (3 100 voix pour Christine Gennaro‐Saint, contre 5 700 en 2017). 
À noter qu’avec 5 000 électeurs de plus qu’il y a cinq ans, la circonscription s’est davantage mobilisée (53,4 % de participation, contre 51,7 % en 2017).

3e circonscription : Un bastion de droite qui vire au rouge

Réputée comme bastion de la droite, la 3e circonscription voit pourtant la candidate NUPES‐LFI, Agathe Roby, virer en tête au premier tour avec 14 700 voix (18 % des inscrits et 31,6 % des suffrages exprimés). Avec 16,8 % des inscrits et 29,2 % des bulletins exprimés, la députée LREM sortante Corinne Vignon collecte plus de 3 000 bulletins de moins qu’en 2017 (17 250 voix). Elle distance cependant largement son ex‐principale concurrente Laurence Arribagé qui échoue à la troisième place avec 7 400 voix (contre 9 600 en 2017). Maigre compensation, l’adjointe au maire de Toulouse enregistre tout de même le meilleur score des Républicains dans le département.

4e circonscription : François Piquemal (Nupes‐LFI) caracole en tête, l’abstention recule

La 4e – et plus petite – circonscription de Haute‐Garonne (68 500 inscrits), la seule à être 100% toulousaine, a donné sa préférence à François Piquemal (Nupes‐LFI) qui récolte 16 300 voix (46,5 % des suffrages exprimés et 23,8 % des inscrits). Loin derrière, Marie‐Claire Constans, la suppléante et collaboratrice du député sortant Mickaël Nogal, rassemble à peine plus de la moitié des suffrages de sa concurrente, soit 8 200 voix (23,5 % des suffrages et 12 % des inscrits). C’est 3 500 voix de moins qu’en 2017. Le candidat LR et adjoint au maire Bertrand Serp dépasse tout juste les 3 000 voix (8,8 % des suffrages exprimés et 4,5 % des inscrits). L’abstention (48 %) est en recul net (il était de 59 % en 2017).

5e circonscription : La Nupes remplace le RN pour le duel du 2e tour

Au nord de Toulouse, les électeurs de la 5e circonscription avaient opté pour un duel LREM‐FN en 2017. Ils auront dimanche prochain un duel Ensemble‐Nupes. En décrue, le député sortant Jean‐François Portarrieu rallie 15 100 électeurs (37,6 % des votes exprimés, 18,8 % des inscrits), contre 26 000 lors de la vague macroniste, mais il conserve la première place. À sa suite, Sylvie Espagnolle ravit la deuxième place et augmente sa cote : en doublant son score, elle passe de 7 100 à 14 600 voix (13,6 % des inscrits, 27,8 % des votes exprimés). Malgré sa troisième place, le candidat du RN, Julien Léonardelli consolide son assise en passant de 8 200 voix à 12 900 (12 % des inscrits et 24,6 % des votes). Le deuxième tour lui échappe sûrement en raison de la candidature Reconquête de Bruno Hontans qui réunit 2 260 voix. En essor démographique, cette circonscription compte 9 000 électeurs de plus. L’abstention au premier tour y a été similaire qu’en 2017 (environ 49 %).

6e circonscription : Ensemble et la Nupes au coude à coude, l’abstention en hausse

Dans l’Ouest haut‐garonnais, la députée sortante Monique Iborra recueille 18 400 voix (16 % des inscrits, 30,2 % des suffrages exprimés). L’ancienne socialiste, ralliée à LREM, est en net recul, car elle avait raflé 23 200 voix en 2017 (et 39,54% des suffrages exprimés). Son adversaire Fabien Jouvé (Nupes‐PS) la suit de près avec 17 900 voix (15,5 % des inscrits et 29,3 % exprimés). Un score en deçà du résultat total des candidats de gauche en 2017 (près de 19 000 voix). Ici, comme ailleurs, l’extrême droite améliore ses scores sans pour autant accéder au deuxième tour. Les deux candidats RN et Reconquête cumulent 12 200 voix contre environ 7 000 en 2017. Le nombre d’abstentionnistes augmente légèrement, passant de 51 400 à 53 300 électeurs (46 % des inscrits).

7e circonscription : Le candidat LFI double ses voix et devance la députée sortante

En amont de la Garonne, Christophe Bex (Nupes‐LFI) crée la surprise en s’imposant en tête au premier tour, avec 16 100 voix (15 % des inscrits, 30,6 % des votes exprimés). Il totalise 9 000 bulletins de plus qu’en 2017. Le second tour l’opposera à la députée sortante Elisabeth Toutut‐Picard (Ensemble) qui recueille 13 900 voix au lieu des 18 600 de 2017. Il s’en est fallu de peu pour qu’il y ait une triangulaire avec la candidate du RN, Emmanuelle Pinatel (12 500 voix, 11,7 % des inscrits, 23,8% des suffrages exprimés). Comme dans la 5e, le candidat Reconquête l’a privée du second tour en empochant 2 400 voix. La 7e circonscription, qui compte 7 000 électeurs de plus qu’en 2017, enregistre une abstention de 49 %.

8e circonscription : L’unique duel entre la gauche et le RN

Candidat socialiste investi par la Nupes, puis désinvesti au profit d’une candidate écologiste, Joël Aviragnet sauvera sans doute son siège dimanche prochain, dans le sud du département. L’ancien suppléant de Carole Delga réunit dans le Comminges 12 900 voix sur son nom (15 % des inscrits, 28,6 % des exprimés), améliorant nettement son score du premier tour de 2017 (7 700 voix). Face à lui dans la 8e, le candidat RN Loïc Delchard (9 800 voix) qui prend l’ascendant sur la candidate Ensemble Céline Laurenties‐Barrere (9 200 voix). L’écologiste Annabelle Fauvernier recueille quant à elle 7 900 voix. En légère augmentation par rapport à 2017, la participation s’élève à 53,75 %.

9e circonscription : La Nupes loin devant Ensemble, l’abstention en baisse

  • Dans la 9e, Christine Arrighi (Nupes‐EELV) prend les devants face à la députée sortante avec 39,77% des voix. Plus de 16 000 électeurs la choisissent, soit 9 000 de plus que pour Manuel Bompard en 2017. Sandrine Mörch dévisse quant à elle (25,25%), en passant de 14 200 à 10 200 voix. L’adjointe au maire de Toulouse Cécile Dufraisse (LR) rallie un peu moins de 2 000 voix. L’abstention s’établit à 48,66 % des inscrits contre 50,6 % en 2017.

10e circonscription : L’abstention la plus faible du département

  • Le siège de la 10e restera‐t‐il dans la majorité présidentielle ? Alice Assier (Nupes-Génération.s) réunit 19 500 voix au premier tour (18,8 % des inscrits, 33 % des exprimés). C’est 2 000 voix de plus que le score de la candidate LFI au second tour en 2017. Face à elle, Dominique Faure, la maire LREM de Saint‐Orens‐de‐Gameville, recueille 17 720 voix. Il y a cinq ans, le candidat LREM Sébastien Nadot avait obtenu près de 22 000 voix dès le premier tour. Le bloc d’extrême droite (RN‐Reconquête) totalise un peu plus de 11 000 voix (3 000 de plus que le FN en 2017). Plus peuplées qu’auparavant (103 400 inscrits contre 95 300), les 108 communes de la circonscription se sont fortement mobilisées : l’abstention y est la plus faible du département (41,68 %).

  • Pourquoi dites‐vous qu’Aviragnet a été désinvesti par la NUPES ?

    • Bonjour,
      Avant le premier tour, la candidature de Joël Aviragnet ne figurait plus dans la liste des candidats Nupes en Haute‐Garonne, en raison de ses liens avec Carole Delga, fortement opposée à la Nupes. Les deux principales composantes de cet accords, LFI et EELV, ont choisi de présenter une candidate écologiste, mais sans pouvoir ou vouloir lui donner l’investiture officielle.
      L’accord semble donc avoir « disjoncté » dans cette circo.
      Aujourd’hui, le site de la Nupes réintègre M. Aviragnet dans sa liste… Ces atermoiements compliquent la lecture des choses.
      Bonne journée

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Par Gael Cérez et Armelle Parion