Audencia, Navibus, Treillières… L’impact des enquêtes de Mediacités Nantes en 2022

Nos enquêtes ont-elles fait bouger les lignes à Nantes ? A l'heure de tirer le bilan de l'année, Mediacités publie son troisième rapport d'impact - ici la seule partie nantaise. Il prouve l'utilité d'une presse d'investigation locale.

Mediacités Nantes rapport d'impact illustration
Mediacités © Rapport d'impact Nantes 2022.

Révéler et après ? Que se passe‐t‐il une fois les enquêtes de Mediacités publiées ? Cette question, nous nous la posons chaque semaine et, souvent, nous y apportons une réponse avec la publication de nouveaux articles, des « compléments d’enquête ». Il n’empêche ! À l’heure des bilans de fin d’année, l’interrogation sur l’utilité et le rôle d’un média comme le nôtre revient avec plus d’acuité que d’habitude : concrètement, cela sert à quoi l’investigation locale ?

Pour la troisième année consécutive, nous nous sommes replongés dans les publications des douze derniers mois – près de 200 pour la seule édition nantaise – afin de dresser notre « Rapport d’impact 2022 ». Nos enquêtes ont‐elles fait bouger les lignes ? Ont‐elles contribué à améliorer ou à mettre fin aux dysfonctionnements qu’elles révélaient ? Ont‐elles initié un débat, une prise de conscience, une procédure judiciaire ? Ou, à l’inverse, sont‐elles passées inaperçues et, pour le dire autrement, ont‐elles fait un flop ?

Voici quelques éléments de réponses.

1 – Un « management toxique et sexiste » à Audencia

 

Le siège et campus principal d’Audencia qui jouxte l’Université de Nantes (c) Thibault Dumas
Le siège et campus principal d’Audencia. Photo Thibault Dumas pour Mediacités

Rappel des faits – Le 8 septembre, nous publions nos deux premières enquêtes consacrées à Audencia, la prestigieuse école de commerce de Nantes. En nous appuyant sur une vingtaine de témoignages, nous y décrivons par le détail un management « toxique » et « sexiste » de la direction. Un fonctionnement à l’exact opposé des valeurs de responsabilité sociale et environnementale enseignées aux étudiants.

L’onde de choc fut immédiate. D’un côté, l’école monte aussitôt une cellule de crise pour riposter à « des articles à charge ». De l’autre, de nouveaux témoignages affluent auprès de Mediacités dans une proportion inégalée (une cinquantaine au total). Nos révélations se succèdent et finissent par être reprises dans les médias nationaux et locaux. Derrière le management décrié de la direction, c’est le modèle des business schools, prises dans une frénésie de croissance, qui est remis en question.

Impact - Deux mois après nos premières publications, le n°2 de l’établissement démissionne pour « des raisons personnelles », selon la version officielle. Un audit est commandité pour faire toute la lumière sur les dysfonctionnements. Le directeur d’Audencia est contraint de reconnaître des « maladresses » et le « mal‐être » des équipes lors d’une assemblée générale extraordinaire. Un abcès est percé. Surtout, la parole s’est libérée et ce résultat est, à lui seul, un succès. « Jusqu’ici, je me disais que j’étais folle, que mon histoire hyper douloureuse était singulière, nous a par exemple confié une cadre d’Audencia. À la lecture de l’enquête, j’ai eu de la tachycardie. Ça décrit exactement ce que je vis. Ce management ultra‐pyramidal et brutal, ce sexisme permanent… »

Notre dossier complet à (re)lireMalaise chez Audencia

2 – Navibus rapatrie ses fonds luxembourgeois vers la France 

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Navibus effectuant la navette entre Nantes et Trentemoult. / Photo : CC 4.0 François de Dijon

Rappel des faits – Le 11 mars 2021, Mediacités révèle que l’entreprise exploitant les Navibus nantais (via une délégation de service public de la Semitan, opérateur des transports nantais) exfiltre ses bénéfices dans une holding luxembourgeoise qui n’est en fait qu’une simple boîte aux lettres. Ce tour de passe‐passe s’apparente à une évasion fiscale présumée. Dans le Grand‐Duché, il n’y a pas de taxes sur les dividendes ni d’impôt sur la plus‐value. Les sommes en jeu avoisinent 4,8 millions d’euros.

Impact - Dix‐huit mois plus tard, la holding luxembourgeoise est fermée et les sommes sont rapatriées à Nantes. Un accord – dont nous ignorons les détails – a été scellé entre l’entreprise et le fisc français. La pression était devenue trop forte pour que Marcel Le Roux, patron des Navibus, maintienne son montage fiscal avantageux, dont il faisait aussi profiter sa femme et ses deux fils.

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3 – Les artistes nantais un peu mieux rémunérés 

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Image d’illustration – Unsplash – CC

Rappel des faits – le 17 février 2022, Mediacités décrit dans une enquête la précarité subie par les artistes dans une ville qui a fait de la culture un moteur de son développement.

Impact - Quatre mois plus tard, la ville adopte enfin le principe d’une rémunération pour les artistes exposés dans les galeries publiques. La mesure devrait bénéficier à 28 artistes en 2022, pour un montant total de 19 000 euros. Soit, en moyenne, 678 euros par artiste. Pas de quoi sortir de la précarité, mais un progrès en termes de droit et de reconnaissance de leur travail.

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4 – La crise ouverte au Medef 

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Image : Pierre Leibovici

Rappel des faits - Le 17 mai 2022, Mediacités dévoile les raisons de la crise d’une ampleur inédite qui déchire le Medef de Loire‐Atlantique.

Impact - Six mois plus tard, la querelle continue et les plaintes se multiplient. Cette situation inextricable a poussé les instances nationales du Medef à exiger une réforme statutaire de son antenne départementale « qui devra avoir abouti avant mars 2023 ».

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5 – La salle d’obsèques civiles remise sur les rails

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Image d’illustration – Pixabay

Rappel des faits – Le 17 mars 2022, Mediacités révèle l’abandon par Johanna Rolland d’une de ses promesses de campagne : la création d’une salle d’obsèques civiles. Cet équipement devait permettre d’éviter aux habitants de la métropole d’inhumer leurs proches directement au cimetière – quel que soit le temps – ou de devoir payer l’accès à des salles gérées en délégation de service public par des entreprises de funérailles privées.

Impact - Une semaine après notre publication, la maire de Nantes fait volte‐face. Elle relance le projet en débloquant 50 000 euros pour la réalisation d’une étude sur la création d’une salle d’obsèques civiles. Johanna Rolland promet aussi que la ville organisera, début 2023, une démarche de dialogue citoyen sur le sujet. Celle‐ci devra définir, à l’automne 2023, les modalités de mise en œuvre du projet.

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6 – La vie municipale tumultueuse de Treillières

Mairie Treillieres
La mairie de Treillières, en Loire‐Atlantique. / © Photo : Guillaume Frouin

Rappel des faits – Depuis mai 2020, Mediacités multiplie les enquêtes sur la gestion de cette commune de 10 000 habitants située au nord de Nantes et aux petits avantages accordés au maire et à certains de ses adjoints.

Impact – Nos révélations en cascade ont poussé plusieurs élus à la démission, fait perdre au maire sa place au sein du conseil communautaire et conduit l’association Anticor à porter plainte pour favoritisme et détournement de fonds publics.

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Par La rédaction de Mediacités