Rétrospective 2025 : Mediacités Toulouse à travers les enquêtes de ses journalistes indépendants

Rétrospective 2025 des enquêtes de Mediacités Toulouse. / Illustration GC.

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Par Gael Cérez

Vingt-cinq journalistes et photographes collaborent occasionnellement à l'édition toulousaine de Mediacités. D'Airbus à l'A69, en passant par Newrest, la morgue du CHU, les promesses de campagne ou encore les fripes toulousaines, voici une sélection de leurs enquêtes à découvrir ou redécouvrir.

Cette année, vingt‐cinq journalistes et photographes indépendants ont participé à l’aventure de Mediacités, pour enrichir l’édition toulousaine. Parmi les 200 articles publiés au cours de ces douze mois, plus d’une soixantaine ont été rédigés et illustrés avec talent par leurs soins.

En janvier, Dorian Cabrol et Léopold Salzenstein ont commencé à mettre leurs nez dans les arrière‐cuisines d’Olivier Sadran, le fondateur de Newrest, une multinationale de la restauration professionnelle, basée à Toulouse. Du Luxembourg au Canada, le duo a permis à nos lecteurs et lectrices de découvrir des aspects méconnus de l’ancien président du TFC, généralement adulé dans la Ville rose.

Olivier Sadran, le “centimier” : enquête dans l’arrière-cuisine de Newrest

Un peu plus tard, c’est Mathieu Martinière qui s’est joint à l’équipe pour décortiquer le bilan carbone de ce patron qui a émis, en seulement un an, l’équivalent de trois siècles d’empreinte carbone d’un Français moyen.

Le bilan carbone de haut vol d’Olivier Sadran

En parlant d’avion, c’est en février qu’Aline Nippert s’est intéressée au cas d’Airbus.  Elle vous a expliqué comment l’avionneur européen revend aux compagnies aériennes des crédits carbone reposant sur une technologie très énergivore : l’extraction du CO₂ de l’atmosphère à l’aide de ventilateurs géants. Ces extracteurs sont encore en construction, mais le constructeur près de Toulouse a déjà préacheté 400 000 tonnes de crédits carbone pour la modique somme de 240 millions d’euros. Le prix de la bonne conscience. 

Pour atteindre ses objectifs climatiques, Airbus brasse de l’air (littéralement)

Modeler les consciences, c’était l’objectif d’une école catholique intégriste installée dans un petit village du Gers. Une vingtaine d’enfants y étaient formés à la contre‐révolution et à la sécession chères à Civitas et à ses affidés. L’imparfait est de rigueur, car l’établissement a été fermé à la suite des inspections déclenchées par l’enquête de Nathalie Gathié.

L’ombre de Civitas plane sur une école du Gers

C’est encore à l’extrême droite qu’Emmanuel Riondé est allé fouiller en février, mais cette fois, du côté des gradins du Stadium. Ces derniers mois, la Camside Tolosa, un petit groupe de hooligans, a fait parler d’elle dans les rues de Toulouse à force de violences et de dégradations. Les membres de ce groupuscule néonazi seraient les auteurs d’inscriptions racistes taguées sur les murs de la Chapelle, un lieu culturel anarchiste. Une enquête a été ouverte par le parquet de Toulouse.

A Toulouse, les hooligans néonazis sortent du stade

Une autre a été fermée par le parquet de Cahors. Après ses enquêtes sur les violences sexuelles au sein de l’Église catholique dans le Lot, Emma Conquet a révélé les viols subis par une jeune femme abusée par un prêtre bénéficiant de la protection de l’évêché. Un an plus tard, elle nous apprenait que la plainte de la victime avait été classée sans suite faute de preuves suffisantes. Pour rappel, selon une étude de l’Institut des politiques publiques (IPP) publiée en 2024, 94 % des plaintes pour viol et 86 % des affaires de violences sexuelles ont été classées sans suite, entre 2012 et 2021.

Violences sexuelles dans l’Église : la plainte de Juliette Mazet classée sans suite

En mars dernier, l’histoire s’est mieux terminée pour le personnel de la maison de retraite Pierre Ducis, à Toulouse. Le CCAS voulait transférer le personnel de cet Ehpad de la fonction publique hospitalière à la fonction territoriale, un statut moins avantageux. Les agents ont contrecarré le plan de la mairie en deux heures de grève, comme le raconte Caroline Carissoni, qui a déjà enquêté sur cet établissement par le passé.

La question a été reportée après les élections et pourrait devenir un enjeu de la campagne si l’accompagnement des plus anciens devient l’objet d’un débat.

Les agents de l’Ehpad Pierre Ducis sauvegardent leur statut… au moins jusqu’aux municipales

Le même mois, Pierre Januel s’est penché sur les finances d’une Occitane aux ambitions nationales : Carole Delga. La présidente socialiste du conseil régional a collecté 185 000 euros de dons lors de la fondation de son propre parti – La République en commun – en 2023. Étonnamment, cette Haut‐Garonnaise de cœur est allée chercher ses mécènes du côté de l’Hérault, comme l’a découvert notre journaliste.

Le tropisme héraultais des soutiens de Carole Delga

En avril, Pauline Chambost a, elle aussi, fait une découverte étonnante. Depuis de longues années, le CHU de Toulouse et Toulouse métropole se disputent pour savoir qui doit payer les frais de morgue des indigents. La somme en jeu s’élève à 269 500 euros. Elle correspond aux frais de conservation d’au moins 72 corps. Un montant que Toulouse Métropole refuse obstinément de régler en jouant sur le flou des règles en vigueur. L’affaire est encore entre les mains de la justice.

Toulouse métropole et le CHU se chamaillent sur les frais de morgue des indigents

Alors que la justice administrative doit trancher, le 30 décembre, concernant l’A69, la journaliste Capucine Vignaux est allée dans les archives du sénat, en avril dernier, pour démonter l’un des arguments des pro‐autoroutes : le supposé enclavement de Castres.

Dans son article, notre enquêtrice rappelait que les sénateurs ont voté, en 2019, une proposition de loi sur le désenclavement des territoires. Selon les critères de celle‐ci, Castres n’est pas du tout enclavée. Cerise sur le gâteau, parmi les votants se trouvait Philippe Bonnecarrère, qui, devenu depuis député, veut coûte que coûte une autoroute. On n’est pas à une contradiction près.

A69 : Quand le Sénat considérait que Castres n’était pas enclavée

Mobilité, sécurité, santé… Jean‐Luc Moudenc, le maire de Toulouse, a promis beaucoup de choses en 2020 : près de 300 promesses que Mediacités s’efforce de vérifier depuis lors. D’avril à juin, Tara Yates et Ludmilla Cremoux ont contribué à la tâche qui sera achevée avant les élections en mars prochain.

Mobilités : les promesses ambitieuses de Jean‐Luc Moudenc rattrapées par la réalité 

Guillaume Bernard, lui, a gardé un œil sur Le Caousou, un établissement scolaire catholique en plein raidissement conservateur. En mai, une enquête pour « soupçons d’escroquerie » a été ouverte et le directeur a fait aussi l’objet d’un signalement au parquet de Toulouse de la part du commissaire aux comptes. De quoi remettre en cause la communication de l’établissement qui assurait qu’un audit interne « lavait le directeur de tout soupçon ».

Soupçons d’escroquerie au Caousou : la défense de la direction prend du plomb dans l’aile

En mai, Clément Barraud a suivi le procès pour favoritisme dans l’attribution de marchés publics en lien avec la ligne C du métro. Parmi les responsables mis en cause : Jean‐Michel Lattes, président de Tisséo Collectivités et adjoint au maire de Toulouse. Si celui‐ci a été relaxé, Tisséo Collectivité a été reconnu coupable de favoritisme envers une société lyonnaise et l’ex‐DGS Jean‐Michel Evin a écopé de douze mois de prison avec sursis.

Au procès de Tisséo, la défense dénonce un procès « politique »

Savez‐vous d’où viennent les fripes que vous achetez au coin de la rue à Toulouse ? C’est la question que se sont posée Margaux Pousset et Léo Lagniez. A Green Vintage et Kilostock, deux friperies toulousaines, ces habits viennent des quatre coins du globe et en quantité industrielle. Leur enquête permet de découvrir un cycle d’approvisionnement éloigné de l’image de paradis écologique qu’on peut lui prêter. 

A Toulouse, des vêtements de l’autre bout du monde dans des friperies du coin de la rue 

En juillet, c’est à la mobilisation des agents du Centre départemental de l’enfance et de la famille, que Magalie Lacombe s’est intéressée. Une lutte vaine, car deux services vont définitivement fermer malgré les promesses du Département. Les professionnels de l’aide sociale à l’enfance ainsi que les jeunes qu’ils suivent sont des plus démunis.

Aide sociale à l’enfance : Le Département de Haute‐Garonne ferme des places malgré ses promesses

L’été est passé et Elisa Centis en a remis une couche sur le patron de Groupe Cahors. Selon ses informations, l’ancien banquier d’affaires, Grégoire Libert, a utilisé sa holding personnelle de droit anglais pour se rémunérer à hauteur d’1,5 million d’euros en 2020, alors que le groupe industriel lotois enregistrait d’importantes pertes financières. Le montage financier a attiré l’attention du fisc qui a perquisitionné le domicile de ce patron, en 2024.

Le PDG du Groupe Cahors soupçonné de fraude fiscale

Au début de l’automne, c’est l’efficacité de la rénovation énergétique en Occitanie qu’Emmanuelle Picaud a étudiée. Une enquête presque impossible, car, si l’État et la région Occitanie investissent chaque année des millions d’euros dans ce domaine, ils sont incapables de mesurer l’impact de ces dépenses, faute de suivi et d’indicateurs fiables.

L’impossible bilan de la rénovation énergétique en Occitanie

Le mois suivant, Elsa Sabado a ouvert le livre de comptes de Soliha 31 pour y découvrir un déficit de 1,4 million d’euros en 2024. La faute à une baisse des subventions, mais aussi à une hausse de la masse salariale et à une acquisition immobilière imprudente de la part de Pierre Castéras, le directeur de cette association pour l’accès au logement.

Pourquoi Soliha Haute‐Garonne est en redressement judiciaire

La même semaine d’octobre, Martin Lom a révélé comment le bizutage et ses dérives perduraient à la fac de médecine de Toulouse. Une association d’étudiants en médecine de Toulouse y a organisé une soirée avec alcool à volonté malgré l’interdiction de cette pratique depuis 2009. Un fête avec excès qui intervenait quelques semaines après un bizutage en forêt de Bouconne ayant conduit à l’hospitalisation de trois étudiants.

Le bizutage et ses dérives perdurent à la fac de médecine de Toulouse

La campagne municipale s’installant, les promesses généreuses ou imprécises se succèdent à gauche et à droite. Pour « protéger les Toulousains », le maire sortant promet par exemple d’installer une caméra par rue. Selon les estimations d’Ael Dubois‐Collin et Elie Mouhica, la facture pourrait s’élever à 30 millions d’euros minimum pour la commune, voire atteindre les 79 millions d’euros, selon le nombre de dispositifs de vidéosurveillance à installer.

Une caméra par rue à Toulouse : Moudenc promet des dizaines de millions d’euros pour la surveillance

Dans la même veine electorale, Paul Moore s’est intéressé au sondage commandé par le PS et aux différentes alliances politiques chez les macronistes et chez les insoumis. Il est aussi parti à la recherche de Nadia Pellefigue, une candidate portée disparue.

A Toulouse, Renaissance condamné aux seconds rôles derrière le candidat Jean‐Luc Moudenc

De son côté, Lou‐Eve Popper devait couvrir le procès de militants d’extrême droite à Albi en décembre. Celui‐ci ayant été repoussé à 2026, vous aurez le plaisir de la lire l’an prochain 

Albi : le procès des identitaires reporté après les municipales

Aux côtés de ces plumes, il ne faut pas oublier les photographes. Caroline Peyronel a accompagné en images Emma Conquet dans sa rencontre avec Juliette Mazet, précédemment citée. 

Violences sexuelles dans l’Église : la plainte de Juliette Mazet classée sans suite

L’œil de Frédéric Scheiber est derrière les photos de Jean‐Luc Moudenc et de ses adjoints concernés nos révélations sur un possible détournement de fonds publics pendant la campagne 2020.

Une douzaine de salariés de la mairie de Toulouse au cœur de la campagne 2020 de Jean‐Luc Moudenc

Et enfin, Alain Pitton a immortalisé la saga de l’A69 sous toutes ses coutures. 

Une autoroute envers et contre tout : retour en images sur la saga de l’A69

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