Quel est le point commun entre les riverains de l’usine Kem One, à Saint‐Fons, les contribuables du Luxembourg et les jeunes licenciées du FC Lyon ? Tous ont bénéficié, de façons très diverses, du travail de la rédaction de Mediacités au cours des douze derniers mois, comme vous pourrez le découvrir à la lecture de notre rapport d’impact.
C’est devenu une tradition : chaque année, nous passons en revue nos publications – plus de 180 articles depuis décembre 2024 pour notre seule édition lyonnaise – en nous posant la question des effets qu’elles ont produits. Certaines ont fait bouger les lignes, d’autres sont à l’origine de réactions inattendues. La somme d’exemples rassemblés dans le présent rapport démontre en tout cas l’utilité d’un journalisme d’investigation locale.
Des enquêtes qui ont fait bouger les lignes
1/ Coach « prédateur » au FC Lyon : la fin de l’omerta
📰 Rappel des faits. « Agression sexuelle », « exhibition sexuelle », « corruption de mineur » mais aussi « détention d’images à caractère pédopornographique » et « atteinte à l’intimité de la vie privée par fixation, enregistrement ou transmission de l’image d’une personne ». En septembre dernier, Mediacités révèle qu’un entraîneur du FC Lyon qui encadre les « U15 » – c’est-à-dire des footballeuses de moins de 15 ans – a été placé en détention provisoire pour l’ensemble de ces chefs d’accusation, dans le cadre d’une information judiciaire. Il reste à ce stade présumé innocent. Notre enquête s’intéresse avant tout à la gestion de l’affaire par ce club historique aux 1400 licenciés. Or, celle‐ci pose question.
D’une part, le FC Lyon n’a pas estimé opportun d’informer les joueuses et leurs parents des raisons de la disparition soudaine du coach après son arrestation, en dépit de bruits de couloirs. A l’inverse, à l’AS Villeurbanne, précédent club où l’entraîneur était passé, le staff a convoqué les parents des licenciées qui avaient eu à faire à lui pour que « les langues se délient ». D’autre part, une entraîneuse du FC Lyon confie à Mediacités qu’elle avait alerté, en interne, sur certains comportements de son ancien collègue. « Sans résultats ou conséquences », déplore‐t‐elle. Contacté, le président du club se refuse alors à tout commentaire.

👊 Impact. Il s’en est fallu de quelques jours pour que le tabou vole en éclats. Après notre publication, le FC Lyon diffuse un communiqué dans lequel il annonce se porter partie civile dans la procédure judiciaire visant son ancien entraîneur. « Cette démarche nous permettra d’obtenir des éléments précis du dossier et, le cas échéant, d’agir avec toute la transparence et la rigueur nécessaires », justifie le club. Mieux vaut tard…
Nos révélations produisent aussi un impact du côté de la ville de Lyon, qui subventionne le club. Julie Nublat‐Faure, adjointe chargée des Sports, sollicite la Fédération française de football (FFF) et le district (la représentation départementale de la FFF), afin de dresser « un état des lieux du dispositif de signalement et le renforcer si on identifie des failles ». Enfin la FFF annonce avoir bloqué la licence du coach décrit comme un « prédateur » par un responsable de l’AS Villeurbanne et se porter également partie civile.
Impact collatéral : la ville de Lyon a suspendu la participation du FC Lyon à la cérémonie « La Reprise ». Pour les associations, cet événement marque, comme son nom l’indique, la reprise d’une saison sportive. Celle‐ci s’est tenue deux semaines après nos révélations, au Palais des sports de Gerland, en présence du maire Grégory Doucet mais donc sans les représentants du club de football sur scène, « en raison de la procédure en cours », d’après le cabinet de l’élu.
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2/ Pollution au chlorure de vinyle à Saint‐Fons : sous pression d’élus, l’Etat recadre Kem One
📰 Rappel des faits. En 2025, Mediacités a poursuivi sa plongée au cœur de la vallée de la chimie et de ses pollutions. En juin dernier, nous avons ainsi révélé que l’usine de Saint‐Fons du groupe Kem One, l’un des plus gros producteur européen de plastique PVC, avait rejeté dans l’air près de 500 tonnes de chlorure de vinyle (CVM) au cours des vingt‐et‐une dernières années, notamment à cause de vannes défectueuses. « C’est comme une cocotte‐minute. Parfois, la machine pouvait s’emballer, alors il fallait dégazer », nous confiait un ancien ouvrier de l’usine.
Cette substance est considérée comme cancérigène pour l’humain, notamment en raison de ses effets sur le foie. Une étude de 2017 estimait que le risque sanitaire était « significatif » pour les riverains de l’usine exposés – une école primaire est installée à 150 mètres du site – alors que nombre d’anciens salariés ont succombé à des cancers.

👊 Impact. La mairie de Saint‐Fons a indiqué avoir découvert l’existence du problème à la faveur de notre enquête et a interpellé les services de l’Etat à la suite de notre article. Les semaines suivantes, deux députés LFI de l’agglomération s’emparent du sujet. Elu dans la circonscription qui englobe Saint‐Fons, Idir Boumertit demande, dans une question écrite à la ministre de la Transition écologique, « les mesures concrètes que le gouvernement entend prendre pour contraindre la société Kem One à réduire ses rejets de chlorure de vinyle monomère (CVM) à des niveaux non seulement conformes aux normes réglementaires, mais également sans danger pour la population ». Quelques jours plus tôt, le député de Villeurbanne Gabriel Amard réclamait lui aussi une « révision drastique » et « sans délai » des seuils de rejets autorisés, « voire leur interdiction pure et simple, conformément au principe de précaution ».
En octobre, après plusieurs semaines de discussions avec l’industriel, la préfecture du Rhône a finalement pris un nouvel arrêté pour renforcer l’encadrement des émissions de CVM par Kem One. Principale disposition, le document prévoit une baisse de quatre tonnes par an des rejets de ce polluant, à compter de 2027. En 2024, l’usine en a laissé s’échapper dans l’atmosphère près de 20 tonnes, soit presque le maximum autorisé aujourd’hui.
Nos révélations sur cette pollution au CVM ont permis de rendre public ce nouveau scandale environnemental, dont d’autres médias (France 3, Le Progrès) se sont ensuite fait l’écho. Et de forcer l’industriel à s’expliquer. La direction de Kem One assure qu’elle « respecte la réglementation actuellement en vigueur » et revendique avoir investi 1,3 million d’euros pour réduire ses émissions de près de 50 % depuis 2016. Reste que la gestion du dossier par l’Etat fait aussi l’objet de critiques de la part du vice‐président de la Métropole chargé de l’Environnement Pierre Athanaze. « On n’a pas su gérer Kem One avec les précédents arrêtés, alors on en prend de nouveaux. On fixe des limites, mais il faudrait les faire respecter », regrettait‐il dans le Progrès.
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3/ Les Bahadourian rattrapés par un redressement fiscal au Luxembourg grâce d’anciennes révélations de Mediacités
📰 Rappel des faits. Dans une série d’enquêtes publiées en 2020, Mediacités documentait la manière dont les frères Léo et Patrick Bahadourian, résidents suisses et héritiers de la dynastie d’épiciers lyonnais, géraient leur patrimoine depuis des destinations à la fiscalité légère, notamment le Luxembourg. Nous révélions notamment qu’ils détenaient une Ferrari de course via une société du Grand‐Duché. Un choix délibéré pour plus de simplicité administrative et par souci d’anonymat, assurait alors leur avocat, selon lequel la manœuvre n’avait pas de justification fiscale. La suite démontre que les autorités du Luxembourg ne partageaient pas vraiment son avis…

👊 Impact. La suite de l’histoire justement a été révélée par le site d’investigation luxembourgeois Reporter l’été dernier. Parfois, l’impact de nos enquêtes ne peut donc être mesuré qu’avec cinq ans de recul ! Selon nos confrères, la société LGF Racing des frères Bahadourian, qui détenait non pas une mais deux Ferrari, a été discrètement condamnée en octobre 2024 pour fraude à la TVA par la justice luxembourgeoise.
Alerté par nos articles, le fisc local s’était en effet rendu compte que l’entreprise avait transféré la propriété des véhicules aux Bahadourian en Suisse, mais avait oublié de s’acquitter au passage de la taxe sur la valeur ajoutée à l’occasion de ce transfert. Résultat : les dirigeants de la société ont dû rembourser près de 700 000 euros au Trésor public luxembouregois et payer une amende de 105 000 euros en sus. L’administration a aussi signalé les faits à la justice, qui a finalement conclu un deal avec Léo Bahadourian et les autres administrateurs de la société, qui ont dû s’acquitter d’une amende de 35 000 euros.
Ce n’est pas la première fois qu’une investigation de Mediacités s’avère rentable pour les contribuables. En 2020 le groupe lyonnais d’assurance April avait dû payer plus de 41 millions d’euros de redressement fiscal lié à l’activité d’une de ses filiales implantés à Malte. L’acrobatie financière avait été révélée par notre journal trois ans plus tôt. À 69 euros l’abonnement annuel à Mediacités, le taux de rendement est imbattable !
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Carte scolaire des collèges : une délibération de la métropole de Lyon ajournée
Il s’agit de textes techniques et, forcément, austères de prime abord, mais de façon quasi systématique, Mediacités passe en revue les projets de délibération qui doivent être votés en conseil métropolitain du Grand Lyon. Nous y dénichons régulièrement quelques pépites, comme, en janvier dernier, la nouvelle sectorisation des communes de Vénissieux et de Saint‐Fons, en prévision de l’ouverture du collège Katia Krafft. Pour rappel, sur le territoire du Grand Lyon, les collèges et donc la carte scolaire associée relèvent des compétences de la Métropole. Le sujet est épineux : ce nouvel établissement a longtemps été érigé en symbole des erreurs à ne pas commettre par les défenseurs de la mixité sociale, dont l’association No ghetto.
Surprise ! Quelques jours après notre publication, le président de la Métropole Bruno Bernard retire le projet de délibération de l’ordre du jour de son conseil. « Un défaut de forme », argue alors la collectivité. D’après nos informations, la raison de cette décision est plutôt à chercher du côté du mécontentement des élus de Vénissieux. Ceux‐ci souhaitaient que la future délibération, qu’ils semblent donc avoir découverte à la faveur de notre article, stipule que la carte scolaire pourrait s’adapter à leurs projets urbains. Vingt fois sur le métier, remettez votre ouvrage, textes techniques et austères compris…
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4/ Chasse aux adhérents LR en Haute‐Loire : la justice saisie
📰 Rappel des faits. Laurent Wauquiez versus Bruno Retailleau. En mai 2025, Mediacités révèle comment les partisans du premier se sont livrés à une véritable chasse aux nouveaux adhérents Les Républicains, dans son fief de Haute‐Loire, pour peser au maximum dans l’élection pour la présidence de son parti. En quelques mois, le nombre de détenteurs d’une carte LR est passé de 250 à 2000 dans le département. Problème : une partie de ce rabattage massif a été réalisé par Fanny Pradines, collaboratrice parlementaire du sénateur LR Laurent Duplomb, très proche de Laurent Wauquiez (le même s’est par ailleurs fait une renommée nationale avec la fameuse loi Duplomb). Celle‐ci s’est démenée pour mobiliser les potentiels adhérents, notamment des maires altiligériens.
Le travail d’une « bénévole » effectué « sur son temps personnel en posant des jours de congé » et « avec une adresse mail personnelle de campagne, comme la loi l’y autorise », nous avait assuré Laurent Duplomb. Une affirmation discutable, puisque Mediacités avait mis la main sur des mails envoyés par la collaboratrice depuis l’adresse gmail du sénateur. « C’est le moment de dire merci à Laurent pour tout ce qu’il a fait pour nous », écrivait‐elle notamment à des élus locaux.

👊 Impact. Notre article a atterri sur le bureau du procureur de la République du Puy‐en‐Velay. Il a été joint à un signalement rédigé par le conseiller régional écologiste de Haute‐Loire Renaud Daumas. Dans son courrier, l’élu demande au parquet d’ouvrir une enquête pour savoir si Fanny Pradines avait bel et bien posé des congés au moment où elle faisait campagne pour Laurent Wauquiez sur le territoire.
« Mobiliser un collaborateur parlementaire pour une mission interne à son parti, sur son temps de travail, peut s’apparenter à un détournement de fonds publics », pointe Renaud Daumas dans son signalement. Contacté pour connaître la suite donnée à ce signalement, le procureur de la République du Puy‐en‐Velay n’a pas souhaité communiquer sur le sujet « pour le moment ».
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5/ « LGBTphobie structurelle » : le rectorat de Lyon reconnaît enfin la paternité d’un instituteur
📰 Rappel des faits. Dans notre article, nous l’avons appelé « François » pour préserver son anonymat. En septembre dernier, au moment de la rentrée des classes, nous vous avons raconté l’histoire de cet instituteur, enseignant dans le 8e arrondissement de Lyon, et père d’un enfant de deux ans, à qui le rectorat de Lyon refusait de reconnaître sa paternité.
En couple avec un autre homme, François a eu recours à une GPA (Gestation pour autrui) au Canada. Très vite après la naissance, l’Etat français l’a officiellement reconnu comme parent de son enfant mais pas l’Education nationale donc, le privant de droits associés : supplément de salaire, congés « enfant malade », possibilité d’obtenir un temps partiel. Le syndicat Sud‐Education Rhône, qui l’a accompagné dans ses démarches auprès du rectorat, dénonçait alors une « LGBTphobie structurelle ».

👊 Impact. Très précisément deux semaines après notre publication, le rectorat procède à une actualisation du dossier administratif de François. Et, comme par magie, son employeur le reconnaît enfin comme père. « Soulagé », le professeur des écoles ne peut toutefois s’empêcher de se demander pourquoi, malgré deux ans de démarches, il a fallu attendre une médiatisation de son cas pour que sa situation se débloque…
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Des révélations de Mediacités au rapport sénatorial
En mai dernier, le scandale des eaux minérales revient à la Une de l’actualité nationale, à la faveur de la publication d’un rapport sénatorial. Les parlementaires épinglent sévèrement les méthodes des industriels du secteur, dont les géants Nestlé (Perrier) et Alma. Pour les lecteurs de Mediacités, le nom de ce dernier groupe, qui commercialise Cristaline, St‐Yorre ou Vichy Célestins, n’est pas inconnu. Dès novembre 2022, nous avions dévoilé que ce producteur, qui exploite des usines dans l’Allier et le Puy‐de‐Dôme, était dans le collimateur de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) pour l’utilisation d’une substance interdite dans le traitement de ses eaux. Des révélations qui ont alimenté une enquête plus vaste du journal Le Monde et de la cellule investigation de Radio France avant que des sénateurs ne s’en emparent.
Eaux minérales : aux sources du scandale, des révélations de Mediacités
Des enquêtes à l’impact inattendu
1/ La région Auvergne‐Rhône‐Alpes, ses scanners à l’entrée d’un lycée et le coup de « torchon »
📰 Rappel des faits. C’est l’un des marqueurs sécuritaires de la région Auvergne‐Rhône‐Alpes à la sauce Laurent Wauquiez, repris par son successeur Fabrice Pannekoucke. Le 1er septembre dernier, jour de la rentrée scolaire, la collectivité, qui assure la gestion des lycées, installe le temps de quelques heures des scanners corporels – similaires à ceux qu’on retrouve dans les aéroports – à l’entrée du lycée Mérieux, dans le 7e arrondissement de Lyon. Présenté comme une « expérimentation » et désinstallé aussitôt les caméras parties, le dispositif tient avant tout du coup de com’ politique, quelques mois après une attaque meurtrière au couteau dans un établissement nantais. « La Région poursuit sa surenchère sécuritaire », écrivons‐nous alors.
Mais un autre point nous tracasse : dans une délibération votée quelques mois plus tôt, la Région indiquait qu’elle souhaitait demander l’autorisation aux services de l’Etat de déployer ces portiques de détection. Et pour cause : leur utilisation est pour le moment interdite dans des établissements scolaires. La collectivité a‑t‐elle finalement bien obtenu cette autorisation ?
Un mois plus tard, nous obtenons une réponse : non, la Région n’a formulé aucune demande d’autorisation préalable à la préfecture avant d’organiser son opération. Elle a donc passé au scanner des lycéens en dehors de tout cadre légal. Avant de publier notre article, nous sollicitons un éclairage du côté de la collectivité, qui ne nous répond pas, comme elle en à désormais l’habitude pour presque toutes nos demandes.

👊 Impact. Qui sème l’info récolte les injures… Une semaine après notre publication, le sujet est évoqué à l’occasion d’une séance plénière du conseil régional par un élu d’opposition. La réponse du président de la région Fabrice Pannekoucke est lunaire : « Je vous remercie d’avoir à plusieurs reprises posé cette question de ce torchon de Mediacités auquel je n’ai pas pris la peine de répondre. Tout simplement parce que si je devais passer mon énergie à répondre à tous les torchons qui sont commis tout au long de l’année c’est autant d’énergie que je ne mettrais pas au bénéfice des habitants de notre belle région. » Et sa majorité de l’applaudir. Le patron de la collectivité assure que l’opération était « non seulement légale, mais aussi concertée avec le rectorat » qui n’a pourtant aucune autorité en matière de dispositifs sécuritaires et qui, de source officielle, n’a été qu’informé de l’opération des scanners.
Un élu de premier plan qui insulte un média en refusant délibérément de lui répondre sur le fond, la sortie est habituelle dans l’Amérique de Donald Trump, moins en Auvergne‐Rhône‐Alpes. L’attaque n’est pas anodine. Non seulement la Région boycotte presque systématiquement depuis des années les demandes d’interviews de Mediacités – elle a également cessé de nous envoyer ses communiqués de presse – mais elle refuse aussi depuis 2021 de nous transmettre les notes de frais de Laurent Wauquiez, de son exécutif et des membres de son cabinet, alors même que la justice nous a donné raison par deux fois, jusqu’au Conseil d’Etat en juillet dernier.
Pour ne pas laisser passer l’injure sans réagir, nous avons voulu prendre Fabrice Pannekoucke au mot. Concrètement ? Nous vous avons proposé, en marque de soutien à notre journal, de nous commander des torchons – des vrais, à ne pas mélanger avec les serviettes ! – aux couleurs de Mediacités « pour nettoyer la démocratie locale ». Une cinquantaine ont trouvé preneurs et nous nous apprêtons à lancer leur production. Comme nous nous y sommes engagés, l’un d’eux sera envoyé à Fabrice Pannekoucke.
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Versements de fonds européens en retard : le président de la Région interpellé
Au cours des douze derniers mois, dans l’hémicycle régional, le nom de Mediacités n’a pas résonné que pendant l’épisode du « torchon ». En décembre 2024, nous révélons que la région Auvergne‐Rhône‐Alpes accuse de nombreux et sérieux retards dans le versement de fonds Feder, des enveloppes d’argent public en provenance de l’Union européenne qui participent au financement de projets portés par des communes, des départements ou des offices HLM. En France, ses subsides sont distribués par les conseils régionaux. Et en Auvergne‐Rhône‐Alpes, d’après des documents internes alors consultés par Mediacités, les retards auraient concerné plus de 9 millions d’euros.
A l’occasion de l’Assemblée plénière de la Région qui faisait suite à notre publication, deux élues d’opposition se sont emparées de nos révélations pendant la session des questions orales. « Selon une enquête de Mediacités, une trentaine de bénéficiaires n’ont pas reçu les fonds Feder qui leur sont dus, déclarait alors la conseillère socialiste Souhila Boudali‐Khedim [voir la vidéo ci‐dessous]. Ces fonds sont essentiels pour réduire les inégalités territoriales. » « Monsieur le président, comment expliquez‐vous ces retards importants ? », interpellait‐elle Fabrice Pannekoucke. Même question de la part de la conseillère écologiste Pascale Bonniel Chalier, lors de la même séance.
Nicolas Daragon, vice‐président chargé des Finances, a répondu à cette dernière par écrit, un mois et demi plus tard, dans un courrier en forme de « circulez, il n’y rien à voir ! ». Dans une énumération de chiffres et de pourcentages, le grand argentier de la Région soutient que la collectivité se distinguerait « très largement par son taux d’engagement des crédits européens » sans répondre précisément à la question des retards.
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2/ Les millions d’« Air Wauquiez » dans la journée de mobilisation « Bloquons tout »
📰 Rappel des faits. Quand l’argent public fait planer quelques initiés… En mai, Medicacités révèle que le conseil régional a plus que doublé sa subvention à l’aéroport du Puy‐en‐Velay, fief d’un certain Laurent Wauquiez, pour la ligne qui le relie à Orly, en la passant à 1 million d’euros en 2025. Une débauche de financement, pour une liaison très peu fréquentée… Selon les chiffres issus d’un rapport de la Chambre régionale des comptes, les avions Le Puy‐Orly embarquent en moyenne… 5 passagers par vol ! Le même rapport précise qu’un quart des trajets étaient réalisés par 88 personnes, dont 8 élus. Cette situation fait écho à la controversée ligne Pau‐Orly, défendue bec et ongles par l’ancien Premier ministre François Bayrou, qui l’empruntait notamment pour assister au conseil municipal de la ville dont il était resté le maire.

👊 Impact : Reprises dans la presse nationale, nos révélations n’ont semble‐t‐il pas ébranlé la foi de la Région dans la nécessité d’une ligne Le Puy‐Paris. En octobre, la collectivité a même accordé une rallonge de 204 000 euros à la liaison commerciale, exploitée par la compagnie Twin Jet. Raison invoquée dans la délibération : « Le déficit de la ligne aérienne est plus important que prévu », avec un taux de fréquentation de seulement 40 % les premiers mois de 2025 « au lieu des 56 % prévus ». Voilà pour le non impact…
En revanche, notre enquête n’est pas passée inaperçue auprès d’habitants de Haute‐Loire qui se sont mobilisés lors de la journée « Bloquons tout » du 10 septembre dernier. Certains d’entre eux venus manifester à l’aéroport du Puy‐en‐Velay avaient imprimé notre article sur des tracts pour le distribuer aux passagers du vol pour Orly. L’argent s’envole, les écrits restent.
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3/ À Vaulx‐en‐Velin, les répercussions politiques de l’affaire Aggoun
📰 Rappel des faits. C’est un dossier qui empoisonne la maire socialiste de Vaulx‐en‐Velin Hélène Geoffroy depuis des années. En mai dernier, Mediacités retraçait en détail l’affaire Morad Aggoun, du nom d’un ancien adjoint et proche de la première édile, condamné en décembre 2024 à quinze ans de réclusion criminelle pour viol, agressions et harcèlement sexuel. L’ex-élu est aujourd’hui en cavale en Algérie, où il a fui à la veille de son procès en appel.
Au moment de la parution de notre article, Hélène Geoffroy fait l’objet d’accusations répétées de la part du conseiller municipal écologiste Richard Marion, en conflit ouvert avec la maire et investi dernièrement « chef de file » par REV, le micro‐parti d’Aymeric Caron, pour les municipales. L’élu vaudais d’opposition estime notamment que sa tribune dans le journal municipal, qui évoquait l’affaire Aggoun, a fait l’objet d’une « censure ». En substance, l’écologiste reproche à Hélène Geoffroy d’avoir tardé à réagir.
Certes, la maire à signalé les faits à la justice en janvier 2016 et à limogé Morad Aggoun au même moment, après qu’une femme lui a fait part d’accusations de viol visant son adjoint. Mais, comme l’a démontré par la suite l’enquête pénale (à laquelle Mediacités avait eu accès), une autre victime, une secrétaire en proie à un harcèlement sexuel de la part de Morad Aggoun, aurait déjà alerté Hélène Geoffroy dès 2014. Selon son témoignage, la maire lui aurait alors suggéré de ne pas ébruiter les faits, avant de la muter dans un autre service pour l’éloigner de son agresseur.
Entendue par les enquêteurs, Hélène Geoffroy indiquera qu’elle avait reçu l’assistante de Morad Aggoun qui demandait une mutation « suite à une drague un peu poussée », mais sans signaler les faits à la justice. Lorsqu’elle portera finalement plainte en 2016, la victime déclarera avoir été « plaquée contre un mur et embrassée avec la langue ».

👊 Impact. Le jour même de la publication de notre enquête, le conflit entre Hélène Geoffroy et Richard Marion a repris de plus belle. L’écologiste a aussitôt fait savoir qu’il avait effectué un signalement auprès du procureur de la République. Le lendemain, c’est au tour de la maire de Vénissieux d’annoncer avoir porté plainte pour diffamation contre son opposant. « En m’accusant publiquement de “couvrir des violences sexistes et sexuelles”, Monsieur Richard Marion franchit une ligne rouge », déclare‐t‐elle.
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Affaire Babolat : une quatrième victime présumée met en cause l’ancien supérieur des Chartreux
Deux ans après notre publication, une cinquantaine d’années après les faits présumés. En novembre 2024, Mediacités relate le témoignage de Christian Mathieu, ancien élève des Chartreux. Scolarisé dans cette institution catholique lyonnaise dans les années 1970, cet homme raconte avoir été victime d’agressions sexuelles et de viols de la part du père Georges Babolat, devenu par la suite supérieur de l’établissement et décédé en 2006.
Après avoir longtemps été gardés enfouis, les souvenirs de Christian Mathieu sont remontés à la surface en 2022, suite aux révélations de Mediacités et de Tribune de Lyon sur des accusations d’agressions sexuelles formulées contre Georges Babolat par trois autres victimes présumées. Entendu par le diocèse de Lyon mais accueilli avec prudence à cause de possibles « incohérences », le récit de Christian Mathieu illustre les difficultés auxquelles se heurtent encore les victimes violences sexuelles au sein de l’Eglise dans leur quête de reconnaissance, écrivions‐nous alors.
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