Que deviennent nos articles après leur mise en ligne ? Comment les lecteurs reçoivent‐ils ces informations ?
Comment s’en emparent‐ils ? Sont‐elles utiles ? Permettent‐elles de faire bouger nos villes et la société ?
À Mediacités, ces questions ont toujours été une obsession. Tel que nous le concevons, le rôle social et citoyen d’un journal d’investigation ne peut se limiter à dénoncer ce qui va mal. Pour être utile, il faut encore que ses enquêtes ouvrent et nourrissent un débat public. Qu’elles contribuent à régler les problèmes posés..
C’est pourquoi nous tentons régulièrement de suivre et d’évaluer les effets de notre travail. En publiant régulièrement des compléments d’enquêtes mais aussi en dressant chaque année un rapport d’impact. Ouverture d’une enquête judiciaire, amendement déposé à l’Assemblée nationale, prises de parole publique, décisions des élus… les conséquences peuvent être multiples. Et contribuent à faire rimer investigation avec action autant qu’avec indignation.
Exemples d’impact en 2025
Affaire Castelain : 2025, année de l’épilogue
Les lecteurs fidèles de Mediacités connaissent bien les quatre dossiers qui ont valu à Damien Castelain, président de la quatrième métropole française, de se voir condamné en juillet 2024, à un an de prison avec sursis, 20 000 euros d’amende et cinq ans d’inéligibilité pour détournement de fonds publics, abus de confiance et prise illégale d’intérêts. Qu’il s’agisse de la prise en charge par la Métropole européenne de Lille de frais personnels, révélée en 2018 par notre média ; de l’affaire des pierres bleues ; du financement illégal de ses frais d’avocats par la collectivité ou du recrutement litigieux d’une des ses proches.
👊 Impact En juillet 2024, après six ans de procédure, le tribunal judiciaire de Lille a condamné Damien Castelain à un an de prison avec sursis, 20 000 euros d’amende et cinq ans d’inéligibilité pour détournement de fonds publics et abus de confiance. En septembre dernier, il a comparu en appel mais une grosse bourde de ses avocats lui assure de voir sa condamnation confirmée. Seule le quantum des peines pourrait être modifié. Avec pour principal enjeu la question de son inéligibilité, à quatre mois des municipales.
Le maire de Valenciennes devant le tribunal
Une ancienne intime de Laurent Degallaix, maire (Horizons) de Valenciennes et président de Valenciennes Métropole l’accuse d’avoir, en 2017, favorisé son embauche comme hôtesse d’accueil à la Société publique locale de stationnement de la ville… puis d’avoir fait pression sur l’un de ses anciens collègues pour que ce dernier la pousse à abandonner toute action en justice. Au printemps 2023, Mediacités révélait ces faits, à l’appui de deux plaintes, la première pour « trafic d’influence », la seconde pour subornation de témoins. Ces accusations sont étayées par des enregistrements clandestins.
👊 Impact Ces deux plaintes valent à Laurent Degallaix de comparaître le 19 février 2026 devant le tribunal judiciaire de Lille. Il reste présumé innocent. Après une perquisition de son domicile ainsi qu’une garde à vue de 36 heures en juin 2024, celui qui est maire de Valenciennes depuis 2012 devra répondre, à moins de deux mois de l’élection municipale, de faits de « complicité de prise illégale d’intérêts » et « subornation de témoin ». Il encourt une peine de 5 ans de prison et 500 000 euros d’amende. Une peine complémentaire d’inéligibilité, si elle était prononcée avec exécution immédiate, pourrait également l’empêcher d’être candidat aux municipales 2026.
Management jugé toxique à La Fabrique des quartiers
Plus d’une dizaine de témoignages et de nombreux documents ont permis à Mediacités de mettre au jour les pratiques managériales jugées toxiques de Vincent Bougamont, directeur de La Fabrique des quartiers. Cet outil, bras armé de la métropole européenne de Lille et de ses trois principales communes – Lille, Roubaix et Tourcoing – oeuvre à la « requalification et à la revitalisation des quartiers d’habitat anciens dégradés ». Une société publique d’aménagement secouée par nos révélations sur les méthodes brutales et le caractère colérique de son directeur historique,.
👊 Impact L’enquête de Mediacités a permis de libérer suffisamment la parole pour contraindre le président de la structure, l’élu roubaisien Karim Amrouni, à lancer un audit. Nécessaire au regard de l’ampleur du mal‐être interne documenté par notre enquête. Mais dont l’impact est limité. Selon nos informations, les anciens salariés dénonçant le management du directeur n’ont pas été sollicités par les auditeurs et malgré des conclusions pointant des problèmes de management, l’équipe a tout de même renouvelé sa confiance à Vincent Bougamont. Ce document n’a pas été rendu public, ce que nous ne pouvons que regretter.
Vidéosurveillance : la ville de Lille rappelée à l’ordre
ll y a presque un an, Mediacités révélait que la police municipale de Lille avait recours depuis 2021 au logiciel d’analyse d’images Briefcam pour ses caméras de vidéosurveillance. Potentiellement capable de faire de la reconnaissance faciale, ce qui est interdit, ce logiciel dopé à l’intelligence artificielle est soumis à des obligations de déclaration auprès de la Commission nationale informatique et libertés (Cnil) précisant les usages qui peuvent en être faits. Or ni la Cnil au niveau national, ni le comité municipal d’éthique n’avaient reçu la moindre information, contrairement à ce que prévoit la loi.
👊 Impact Suite à une plainte des élus d’opposition du groupe Lille Verte auprès de la Cnil, celle‐ci a confirmé en mars dernier, comme l’a également dévoilé Mediacités, que « le logiciel BriefCam a été mis en œuvre entre novembre 2022 et janvier 2025 sans qu’une analyse d’impact préalable n’ait été menée quant à ce traitement ». L’instance indique donc avoir « rappelé à la commune de Lille ses obligations » en la matière.
Les non‐dits du Canal Seine‐Nord Europe
Mediacités s’est intéressé de plus près au « chantier du siècle », le Canal Seine‐Nord Europe, qui a pour but de désengorger l’autoroute A1. Problème : alors que le gabarit de ce nouveau tronçon est prévu pour des bateaux de 185 mètres de long transportant trois étages de conteneurs, il s’insère dans un réseau plus large – le réseau Seine‐Escaut – dont les ponts trop bas et écluses trop courtes ne permettent pas de faire passer ce type d’embarcation… Un constat qui contrarie grandement les objectifs de report modal mis en avant par le projet et risque de sévèrement alourdir une facture s’élevant déjà à plus de 5 milliards d’euros.
👊 Impact Modéré. Si la SCSNE confirme qu’il y a « effectivement 168 ponts inférieurs à 7 mètres de haut. La hauteur des ponts autorisera le transport de conteneurs sur deux couches (…) soit [l’équivalent de] 48 camions », sur son site, elle continue néanmoins de promouvoir le fait que le canal pourra accueillir des péniches transportant l’équivalent de 220 camions pour soulager le réseau routier, avec des visuels représentant trois couches de conteneurs…
Le rapport d’impact de Mediacités Lille en 2025
Les chiffres impactants de 2025
Les précédents rapports d’impact
Exemples d’impact en 2024
Affaire Castelain : 2024, l’année du jugement
Le 15 juin 2018, Mediacités révélait que Damien Castelain, président de la métropole européenne de Lille, avait fait prendre en charge par la collectivité des dépenses personnelles comme des soins de hammam, des séjours dans un hôtel de luxe parisien, des parfums ou des chaussettes, pour un montant de 20 000 euros. Après une enquête de l’Agence française anti‐corruption (AFA), il a fini par rembourser la somme via un « don » à l’institution. Cependant, cela n’a pas suffi à éviter un procès, l’affaire ayant été signalée au procureur de la République.
👊 Impact En juillet 2024, après six ans de procédure, le tribunal judiciaire de Lille a condamné Damien Castelain à un an de prison avec sursis, 20 000 euros d’amende et cinq ans d’inéligibilité pour détournement de fonds publics et abus de confiance. Bien que seulement 548 euros de notes de frais aient été jugés illégaux, le tribunal a souligné la gravité des faits. Le parquet, estimant la peine trop légère, a fait appel, prolongeant ainsi l’affaire.
Ilevia/Transpole – CGT
En 2018, Mediacités révélait une affaire impliquant trois salariés du concessionnaire des transports publics de la métropole de Lille, Ilévia. Ces élus ou proches de la CGT étaient accusés d’avoir utilisé l’argent du comité d’entreprise pour des besoins personnels en 2015–2016. Jugés en avril de cette année, deux d’entre eux ont été lourdement condamnés, dont l’ancien trésorier adjoint du CSE, qui a écopé d’un an de prison avec sursis et de 10 000 euros d’amende.
👊 Impact Au‐delà des comportements répréhensibles, comme un voyage familial aux États‐Unis de 15 000 euros payé par le CE ou l’appropriation d’un véhicule du CE, l’affaire a mis en lumière les relations troubles entre le syndicat dominant et la direction d’Ilévia. Les informations sur le fonctionnement du CE ont été recueillies durant les périodes où la CGT a perdu sa majorité, permettant leur transmission à la justice. Notons l’absence d’Ilévia au procès, malgré un budget annuel de 3,5 millions pour le CE.
Affaire Agius : l’adjoint à la maire de Calais démissionne
Le 6 février 2024, la maire de Calais, Natacha Bouchart, demande à son premier adjoint, Emmanuel Agius, de se mettre en retrait de tous ses mandats et de démissionner de la présidence de l’office public HLM Terre d’Opale Habitat (TOH). C’est la conséquence de la publication, quelques jours plus tôt, d’un article de Mediacités révélant comment sa compagne a pu racheter à bon prix un appartement mis en vente par l’office HLM, sans qu’il prenne la peine de s’abstenir au moment du vote validant la cession. Le 14 février, notre journal récidivait en dévoilant une autre vente d’appartement de TOH, cette fois au bénéfice de sa fille.
👊 Impact Emmanuel Agius a depuis démissionné de tous ses mandats. Et suite à des signalements, une enquête préliminaire a été engagée par le parquet. L’OPH a par ailleurs diligenté des audits et l’Ancols, le gendarme des bailleurs sociaux, s’est saisi du dossier.
Lycée Averroès : nuance et recul
Le 18 octobre 2023, Le Point révélait que la préfecture du Nord souhaitait mettre fin aux subventions publiques versées au lycée privé musulman Averroès, créé en 2003 à Lille‐Sud. Cette annonce a déclenché une intense couverture médiatique, avec des accusations de séparatisme contre l’établissement, relayées par Le Figaro. Depuis septembre 2024, malgré de nombreux recours, le lycée Averroès fonctionne hors‐contrat, une décision motivée par des manquements aux principes fondamentaux de la République.
👊 Impact Tout au long de ce feuilleton médiatique, Mediacités a adopté une position nuancée face au discours préfectoral. En janvier 2024, nous avons révélé des irrégularités lors de la commission de concertation pour l’enseignement privé, informations utilisées par la défense du lycée Averroès lors de ses audiences au tribunal administratif. Au total, ce sont pas moins de 15 articles que Mediacités aura consacré au cas Averroès entre octobre 2023 et juillet 2024. De quoi ajouter de la nuance sur ce sujet très sensible.
Bizutages : la fac de Médecine de Lille face à ses responsabilités
Au cours des deux dernières années, Mediacités a publié six articles sur les soirées d’intégration des étudiants de la faculté de médecine de Lille, révélant des pratiques de bizutage. Grâce à une enquête approfondie, des vidéos, des photos et des documents officiels, le média a mis en lumière l’alcoolisation forcée, les humiliations et l’omerta des autorités universitaires face à ces dérives.
👊 Impact Pour prolonger ces révélations, Mediacités a organisé un débat public en octobre 2022, mais les bizutages ont continué et la faculté est restée silencieuse. En réponse, Mediacités a dévoilé des rapports secrets, dont une enquête de l’Igesr critique envers l’Université. Cet article, publié avant un procès sur la mort d’un étudiant lors d’une soirée d’intégration, a conduit au renvoi du procès en février 2025, permettant à la famille de la victime de demander que l’Université soit jugée aux côtés des étudiants accusés de bizutage.
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